Le foncier de la discorde

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Le problème du foncier industriel et les “réticences” des pouvoirs publics à le céder aux investisseurs privés soulèvent toujours l’incompréhension de ces derniers.

Ainsi, jeudi dernier, lors de sa visite à Bouira, le ministre du Commerce, M. Mustapha Benbada, a été interpellé à ce sujet par, M. Issad Rebrab. Le patron du groupe Cevital, qui faisait visiter sa base logistique, située à la sortie ouest de la ville de Bouira, a clairement reproché au ministre ses “hésitations” par rapport à la cession des terrains. “Vous nous demandez de faire des efforts. Mais encore faut-il que vous consentiez à nous céder des assistes foncières», dira Rebrab. A cela, le ministre rétorquera : “On vous a fait des propositions. Cependant, vous êtes trop exigeants et l’Etat a pour mission de préserver l’intérêt général”. Cet échange verbal, aurait pu s’arrêter là mais c’était sans compter sur “la pugnacité” de l’une des 50 plus grosses fortunes mondiales, selon le classement de Forbes. Ainsi, Rebrab fera rappeler au ministre que certains de ses hypermarchés sont déficitaires, car implantés sur des surfaces “ inappropriés”. “On peut mettre en place dix structures par an et les gérer comme il se doit. Toutefois, on doit prendre en compte certains impératifs, et les terrains que vous nous avez proposés ne correspondent pas aux normes“, soulignera-t-il. Et d’enchaîner, en citant l’exemple d’un terrain que les autorités refusent de lui céder : “Le site de Sig, dans la wilaya de Mascara, nous intéresse au plus haut point. Mais hélas, on n’arrive toujours pas à y avoir accès”. Visiblement agacé par les doléances de Rebrab, Benbada notera : “Écoutez, ce problème n’est pas propre à votre groupe. L’Etat, doit suivre des procédures de dé-classification. Par ailleurs, nous avons des zones agricoles que nous devons protéger. Vos projets, aussi structurants soient-ils, ne peuvent se faire au dépens de l’agriculture», insistera-t-il. Mais le patron de Cevital ne semblait pas être convaincu par cet argument. Il reviendra à la charge en disant : ”Selon la législation algérienne, toute assiette foncière est considérée comme zone d’agriculture. Cependant, nous avons proposé des terres salines, incompatibles avec l‘agriculture, mais sans grand résultat”. À cela, le ministre du Commerce expliquera, encore une fois, que l’Algérie a besoin de son foncier pour se développer sur tous les plans. “ Le foncier, est l’une des rares choses qu’on ne peut importer. On doit le préserver à tout prix. Cela dit, on est prêt à accompagner et à aider les investisseurs dans leurs démarches. Pour ce faire, on choisira les assiettes à faible rendement», a-t-il tenu à rassurer. Cet échange, à bâtons rompus, traduit un certain “désaccord” entre le ministre du Commerce et le Premier ministre. Ce dernier, ne cesse, en effet, de prôner “la facilitation” aux investisseurs dans la réalisation de leurs projets. “Je m’adresse à vous, au nom du Président de la République et du gouvernement, et je peux vous assurer qu’il existe une volonté politique d’accompagner tous ceux qui sont prêts à investir dans le pays», avait affirmé Abdelmalek Sellal, lors de sa visite dans la wilaya d’El Oued. Et d’ajouter :” Nous n’avons d’autres solutions que de créer les richesses et d’encourager l’investissement et la productivité”. Par ailleurs, et au cours de sa visite dans la wilaya de Bouira, Benbada a procédé à l’inauguration des sièges de l’inspection du Commerce au niveau des communes de Lakhdaria, Sour El Ghozlane et M’Chedallah. 

Ramdane Bourahla

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