C’est la révélation de ces dernières années. Ratiba, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a conquis les cœurs des amoureux de la chanson kabyle sentimentale. En un laps de temps, elle a su se frayer un chemin parmi les nouveaux artistes et elle promet beaucoup. D’aucuns la compare à H’nifa ou à Zohra de part son ardeur à s’affirmer en tant que femme, et surtout de porter haut et fort les préoccupations quotidiennes de la femme kabyle en particulier. Dans la peau d’une diva, Ratiba chante une thématique variée et intéressante. Elle chante les déboires sentimentaux, la condition de la femme, la société et les interdits. Son premier album est sorti en 2007. Son dernier, sorti cette année, s’intitule « Tettru Teqvaylit » (Les pleurs de la femme Kabyle). Dans cet album, Ratiba raconte les conditions difficiles dans lesquelles la femme kabyle vit encore et le poids des traditions, « malgré l’apparence de modernité et l’insidieuse évolution des mœurs, qui n’est autre qu’une façade! » Dans cet album, l’étoile montante retrace un peu son parcours, semblable à celui de toutes les femmes kabyles, dans la vie de tous les jours, jalonné de difficultés et d’embûches. Elle chante les conditions de vie difficiles dans la chanson « Di Lhif 3yigh » (j’en peux plus de cette misère !), ou encore « A lhif s wurawen ! ». Les déceptions amoureuses sont présentes dans ses chansons comme « Fkigh-ak ul-iw » (je t’ai donné mon cœur !). Dans cette chanson qui s’intitule « Yehzen wul-iw » (Mon cœur est triste), Ratiba raconte ses déboires et sa désillusion. Elle le chante en ces quelques vers :
«Yehzen wul-iw» (Mon coeur est triste)
Mon cœur est triste
Ce n’est pas une énigme
Et mes yeux entaillés
Je crains qu’ils ne guérissent
Mon enfance a été sombre
Je n’ai souvenance du bonheur
Comme si j’étais maudite
La vie m’a prise en chasse
Elle s’acharne même sur mes rêves
En transformant mes jours en nuits
Pour me vider sans retenue
C’est une histoire dramatique
Mon quotidien amère et écœurant
Rend ma vie dépourvue de gout.
Syphax Y.