L'engouement pour les cours particuliers de français est devenu unphénomène récurrent qui, chaque année, mobilise élèves et enseignants pour un complément bien nécessaire pour l'apprentissage de cette première langue étrangère.
Dans la commune d’El Hachimia, les élèves des classes terminales se rendent au chef-lieu de la wilaya de Bouira, à 20 kms de leur commune d’origine, pour prendre des cours de français dans des écoles privées. C’est que, dans l’enseignement public, cette langue ne bénéficie plus du même intérêt qu’auparavant, son volume horaire étant réduit à trois heures par semaine. Les élèves des classes primaires et du cycle moyen ont d’immenses difficultés à lire et à écrire en français, d’autant plus que la charge pédagogique des autres matières est trop lourde et fait passer au second plan l’enseignement des langues étrangères. De même, l’héritage des années noires du terrorisme, où l’enseignement du français était frappé de suspicion, a créé une forme de rupture par rapport à l’enseignement tel qu’il était assuré jusqu’aux années 1980. L’on a même des exemples de diplômés universitaires qui n’avaient pas bénéficié de cours de langue française pendant leurs études primaires, car tombées en pleine période d’insécurité. Dans la vie quotidienne, le français a beaucoup perdu de son importance dans la région. Actuellement, avec le faible volume horaire et la surcharge des programmes, les enseignants de français n’arrivent plus à faire passer leur message. Il faut souligner que les méthodes pédagogiques sont loin de correspondre aux besoins et capacités des élèves. Le grand paradoxe est que, même avec de tels handicaps, les notes obtenues par les élèves sont généralement satisfaisantes. Cependant, elles sont loin de refléter la réalité. Preuve en est, cette angoisse qui habite les élèves des lycées, particulièrement ceux de la filière langues, qui préparent l’examen du baccalauréat. Les candidats d’El Hachimia, à travers l’expérience de leurs aînés qui ont obtenu le baccalauréat les années précédentes et qui poursuivent actuellement leurs études à l’université sont avertis que la connaissance de la langue française est indispensable pour suivre les études dans la plupart des spécialités scientifiques. Dans un réflexe de rattrapage précipité on se dirige vers tous les horizons pour des compléments de formation, à commencer par ces écoles privées qui ont ouvert leurs portes un peu partout dans la ville de Bouira. Mais, n’est-ce pas bien tard, lorsque les candidats au bac sont mis sous la pression du volume des autres matières? Il faut ajouter à cela le fait que les élèves, qui se sont inscrits à ces cours particuliers, ne peuvent s’y rendre que pendant le week-end, sachant qu’un sérieux problème de transport existe entre Bouira et El Hachimia.
Taous N. M.

