Un homme de 58 ans, chauffeur de bus dans une société de transport qui assure la desserte entre la cité universitaire Berchiche 1, dans la localité d’El Kseur, et le campus d’Aboudaou a tenu à dénoncer son licenciement qu’il qualifie d’abusif. « Cela fait trois ans que je travaille comme chauffeur au sein de cette entreprise qui assure le transport universitaire entre la résidence universitaire Berchiche 1 et le campus d’Aboudaou. En décembre dernier, et contre toute attente, le gérant de la société m’avait annoncé verbalement mon licenciement sans aucune notification écrite. Lorsque je lui ai demandé de m’expliquer le motif de mon congédiement, il m’avait informé devant des témoins que c’est à cause de ma foi chrétienne et que le nouveau patron, qui prendra en charge le transport universitaire de la ligne Berchiche1-Campus Aboudaou, est un Hadj qui n’accepte que les musulmans dans son entreprise », nous a raconté M. Cheurfa Mohand Lakhel, qui a fait la triste expérience de ce licenciement abusif. Ce père de six enfants affirme, pourtant, jouir d’un bon témoignage dans son entourage et son milieu de travail. « Mes collègues de travail et les étudiants qui montent dans le bus que je conduis peuvent témoigner de mon comportement exemplaire. D’ailleurs, même le gérant, qui m’avait informé de mon licenciement, a reconnu que j’accomplissais mon travail convenablement, mais que la résiliation de mon contrat est dû à mon appartenance à une autre religion autre que l’Islam », nous indiquera ce chrétien, qui dit être converti au christianisme dans les années 80. Par ailleurs, M. Lekhel nous informera que le gérant lui a proposé de renier sa foi en contrepartie de sa réintégration. «Le gérant de cette entreprise m’avait demandé de prononcer la Chahada musulmane pour que je sois réintégré dans mon poste, mais j’ai refusé ce chantage », a-t-il indiqué. Notre interlocuteur, qui réclame sa réintégration dans son poste d’emploi, affirme que son licenciement enfreint la loi qui régit le travail en Algérie. « J’ai été recruté en janvier 2011 pour un contrat d’une durée indéterminée (CDI). La loi 90/11 du 21/04/1990 ne prévoit pas mon licenciement, d’autant plus que je n’ai pas été destinataire d’un préavis pour que je puisse prendre mes dispositions », nous dira ce citoyen d’El Kseur, qui compte saisir prochainement l’inspection de travail pour faire valoir ses droits. Notons par ailleurs, qu’une pétition réclamant la réintégration de ce chauffeur licencié vient d’être signée par un collectif des chauffeurs de bus universitaires. « Je rappelle que la constitution de mon pays garantit le droit de culte et la liberté de conscience à tous les citoyens. Donc, je ne comprends pas le pourquoi de ce licenciement », s’est-t-il interrogé. Contacté hier, par téléphone, pour avoir sa version des faits qui lui sont reprochés, le gérant de ladite société en l’occurrence M. Rabiâ Aïssa, nous a déclaré que la mesure du licenciement prise à l’encontre de ce chauffeur est motivée par « l’activité d’évangélisation qu’il mène dans son milieu de travail ». « Il est vrai qu’il travaille convenablement, mais c’est quelqu’un qui parle beaucoup de l’Evangile aux étudiants et aux autres ouvriers durant les heures de travail. Je lui ai dit, à maintes reprises, de ne pas parler de Jésus Christ, mais il continue de le faire », nous expliquera ledit gérant.
Boualem Slimani