Une wilaya qui se réveille au développement

Partager

Ayant été érigée en wilaya depuis le découpage administratif de 1974, après qu’elle fut un ensemble de deux territoires, l’un relevant de la Grande Kabylie et l’autre du département du Titteri, Bouira constitue un territoire stratégique, entre la capitale, l’Est et le Sud-est algériens.

Par Amar Naït Messaoud

Elle s’étend sur une superficie de 4 454 km2  (répartie sur 45 communes et 12 daïras) et abrite une population de 731 229 habitants, dont plus de la moitié habite en zone rurale. Tout en émergeant sur le plan de l’actualité nationale relative aux programmes de développement, la wilaya de Bouira traîne incontestablement des retards visibles aussi bien au chef-lieu de wilaya que dans d’autres régions de cet immense territoire qui commence au poInt culminant de Lalla Khedidja et se termine dans la vastitude steppique de Sidi Aïssa. Cette dualité naturelle (climatique et topographique), ajoutée à la « mixité » culturelle entre berbérophones et arabophones, se retrouve inéluctablement dans les modes de vie, dans la sociologie et dans le développement économique.

Alors que, jusqu’au à la fin des années 1990, Bouira n’était qu’un passage obligé vers l’est (jusqu’à Tebessa et El Tarf) et vers le Sud-est (Biskra, El Oued, Ouargla), via principalement la RN 5, elle sera presque « secouée » par les programmes de développement d’envergure nationale qui la toucheront à partir du début des années 2000. Elle sortira ainsi partiellement de sa léthargie par trois grandes infrastructures d’utilité publique qui dépassent les dimensions et les besoins de la wilaya. Il s’agit de l’autoroute Est-ouest qui traverse le territoire de la wilaya sur 101 km (de Lakhdaria jusqu’à Ath Mansour). Cette même autoroute est en attente de raccordement à deux grandes pénétrantes, une venant de Tizi-Ouzou jusqu’à El Djebahia sur 35 km, l’autre venant du port de Bejaïa jusqu’à Ahnif. Les deux autres méga-infrastructures sont les deux barrages hydrauliques (Koudiat Acerdoune, 640 millions de M3 et Tilesdit de 167 millions de M3), lesquels placent la wilaya de Bouira en deuxième position à l’échelle du pays en matière de capacité de stockage d’eau de surface, après la wilaya de Mila. Les capacités totales de rétention hydrique de la wilaya de Bouira sont actuellement évaluées à 837 millions de mètres cubes, indépendamment des retenues collinaires et de l’exploitation des eaux souterraines (puits et forages). Bouira desservira d’autres wilayas : Tizi-Ouzou, Médéa, M’Sila et Alger. Pour la première, le projet est déjà réalisé (couloir Draâ El-Mizan, Tizi Ghenif, Boghni). Le reste des adductions sont actuellement en voie de réalisation.  Le territoire de la wilaya est aussi traversé par la nouvelle ligne de chemin de fer électrifiée, allant de Thenia à Bordj Bou Arréridj, actuellement en phase d’étude.  D’autres projets d’envergure locale ont été réalisés pendant les trois derniers quinquennats, particulièrement dans les programmes de logements (depuis 2005, les structures de la wilaya ont réceptionné 35 228 unités, toutes formules confondues) et dans la réhabilitation du réseau routier de la wilaya. L’on doit signaler ici le projet de la voie expresse Bouira-Sour El Ghozlane (2X2 voies), déjà lancé et qui prend naissance à partir du point de l’autoroute appelé Sonda.  La wilaya de Bouira est devenue un pôle minier par excellence. L’exploitation des gisements de granulat, de calcaire et d’autres matériaux au niveau des monts des Bibans relevant de la daïra d’El Hachimia a permis d’installer un réseaux de carrière qui crée de la richesse et de l’emploi, mais qui ne manque pas de susciter des désagréments aux populations riveraines et au massif forestier. Ces carrières alimentent toutes les wilayas du centre du pays, et même au-delà.  Dans la haute vallée de la Soummam, un projet grandiose est en cours de réalisation dans le domaine de l’agriculture. Il est censé donner une autre configuration à la production agricole locale, confinée jusqu’à ce jour dans les céréales, l’oléiculture et la pomme de terre. Il s’agit réellement de deux projets de périmètres irrigués installées au pied du Djurdjura et s’étalant de d’Allaghène (wilaya de Béjaïa) jusqu’à El Asnam (wilaya de Bouira), soit sur une superficie de 9 000 ha. Ces deux périmètres, en voie de réalisation, seront alimentés par les eaux du barrage de Tilesdit (Bouira) et du barrage de Tichy-Haf (Béjaïa).  Si Bouira se « réveille » à un développement fulgurant qu’on ne pouvait pas imaginer il y a une dizaine d’années, des retards et des difficultés continuent à grever la vie locale, même si l’on sait que les potentialités de ce territoire sont immenses. La zone industrielle de Sidi Khaled est appelée à une extension au moment même où les premiers lots, délimités depuis les années 1980 ne sont pas tous affectés à des activités industrielles. Si le landerneau local grouille de mille rumeurs ou informations sur les investisseurs potentiels qui seraient intéressés par cette région, devenue aujourd’hui presque une « banlieue » d’Alger (1h30′ de route en voiture), la réalité est beaucoup plus nuancée. Une partie des projets approuvés dans les réunions du Calpiref ne sont pas concrétisés. Certaines assiettes de terrain, concédées il y a plusieurs années, ont fait l’objet de récupération par les domaines, suite à l’abandon de projets.  Comme toutes les wilayas qui ont eu des lots de logements sociaux à distribuer, Bouira a connu ses heures tendues en matière de manifestations de rue. Sour El Ghozlane, Bir Ghebalou et d’autres villes et villages ont connu la protesta du logement, y compris le chef-lieu de wilaya, précisément le centre-ville de Bouira qui a été investi il y a dix jours par les habitants de la vieille et vétuste cité Aïnouche H’djila, demandant à être transférés dans des logements neufs.  Un point de ralliement fait presque oublier les problèmes et les retards de développement de Bouira. Il s’agit du supermarché Uno, de l’homme d’affaires Issaâd Rabrab, qui a ouvert ses portes depuis deux ans. Il constitue un changement majeur dans la vie quotidienne des habitants (gestion du budget familial, diversification de l’offre,…). On y vient de tous les coins de la wilaya, et même au-delà.

A. N.  M.

Partager