Une association au service de la femme rurale !

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Il fallait bien qu’il y ait une femme courageuse qui prenne à bras-le-corps la condition féminine pour briser les tabous, dans une société dominée, de nos jours encore, par les interdits et le poids des traditions. Elle, c’est Samia Achiou, la présidente de l’association « Tighri n’tmettut » ou « Cri de la femme », basée dans la ville de Tazmalt. Enseignante depuis des années dans le cadre des cours de l’alphabétisation, cette militante des droits de la femme, même si elle reste modeste et réservée à ce sujet, a eu l’idée de créer cette association dans le but « d’émancipation de la femme issue du milieu rural », dit-elle. A notre question pourquoi avoir choisi le nom : Tighri n’tmettut ? Melle Achiou se remémore : « L’idée d’appeler notre association : Tighri n’tmettut m’est venue après l’assassinat, en 1995 par les islamistes, de la présidente d’une association, basée à Tizi-Ouzou, portant le même nom. J’étais tellement affectée par cet assassinat que j’ai donné ce nom à notre association par solidarité avec cette présidente! ». Créée en 2011, l’association Tighri n’tmettut a pour objectif primordial de porter assistance à la femme rurale, et surtout à la femme au foyer, qui voudrait améliorer sa condition via des cours d’alphabétisation, des formations, des conseils pratiques,… etc. D’après notre interlocutrice, Tighri n’tmettut compte 190 adhérentes, entre femmes au foyer, femmes actives et étudiantes. Cette association, d’après notre entretien avec la présidente, a bien fait « d’exister » pour le bien, surtout des femmes casanières qui n’ont pas eu la chance de poursuivre leurs études ou qui n’ont pas de diplômes. A cet effet, et pour permettre à cette catégorie de femmes d’améliorer leurs niveaux, des cours d’alphabétisation sont dispensés par cette association. Des formations en couture, en confection de gâteaux et pâtisserie et en cuisine sont également assurées par des enseignantes. Ces formations sont dispensées en collaboration avec le CFPA de Tazmalt, qui délivre les attestations en fin de formations. « Beaucoup de femmes ont ouvert des boutiques et travaillent à leur compte. Il y a le cas de cette femme qui a un mari malade, qui ne travaille pas. Elle est venue chez nous, et elle a suivi une formation en confection de gâteaux. Elle a eu son attestation et, maintenant, elle travaille dans sa boutique », nous expliquera-t-elle. Et d’ajouter : « Les attestations délivrées servent, aussi, à créer des projets dans le cadre de l’aide à l’emploi des jeunes, comme l’ANGEM, l’ANSEJ et la CNAC ! ». Et à la question de savoir si la situation de la femme rurale a évolué Melle Achiou rétorquera : « Certes, il y a une certaine émancipation, mais il y a du chemin à faire ! Il existe encore des pères et des maris qui demeurent réfractaires à l’idée que leurs femmes ou filles puissent sortir et suivre une formation. Nous avons convaincu beaucoup d’entre eux, et les résultats sont là », dira-t-elle avec un brin de fierté. Néanmoins, à l’instar de la majorité des associations, Tighri n’tmettut a son lot de problèmes, comme le manque de matériel, notamment pour les formations et l’insuffisance des subventions qui lui sont octroyées.        

Syphax Y.

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