L’entreprise épinglée

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L'énigmatique homme d'affaire Salah Moulay et son associé sont désormais dans le collimateur de la justice.

Son  » empire » est en train de s’effriter et prendre l’eau de toute part. Ce qui était, il n’y a pas si longtemps, un exemple de  » réussite », est en train de se transformer en un véritable scandale. Selon certains observateurs et économistes, ce  » fiasco » était plus que prévisible. En effet et comme il a été démontré dans ces mêmes colonnes (lire notre édition du 16 janvier), cet homme d’affaires a bâti son entreprise  » El Waâd El Sadeq » sur des bases intrigantes et fragiles. Acheter au prix fort et vendre au rabais, voire à perte. À moins d’être un masochiste, doublé d’un piètre commerçant, cette formule est le meilleur moyen, selon tous les économistes, pour faire faillite et mettre la clef sous le paillasson en un temps record. Cependant, M. Moulay semblait, du moins en apparence, avoir trouvé  » la formule magique » pour générer des profits, tout en vendant à perte. En quelques mois, son marché de voiture, implanté à la périphérie de la commune de Sour El Ghozlane, au sud de la wilaya de Bouira, est devenu la  » Mecque » de tous les acheteurs et revendeurs de véhicules. Son entreprise a acquis une notoriété régionale, voire même nationale. Très vite, ce mystérieux entrepreneur, qui ne se livre jamais aux médias, a pris des allures de magna, investissant tour à tour dans l’immobilier et l’alimentaire. Toujours avec la même formule, c’est-à-dire en tuant toute concurrence dans l’œuf, en pratiquant la vente à perte. Tout en se targuant d’être  » un honnête citoyen qui crée de l’emploi dans sa région », ce monsieur a omis un détail assez important : le respect de la réglementation régissant l’activité commerciale. Ainsi et selon certaines sources proches de l’enquête des services de la DCP, des  » méthodes de transactions douteuses, des fonds propres d’origines opaques et de l’argent qui coule à flots, sans la moindre explication plausible », ont été mis à jour.  Il n’en fallait pas plus pour éveiller les soupçons des pouvoirs publics et des craintes chez les citoyens. Le tout dans une atmosphère spéculative où chacun s’est fondu d’une théorie à propos du phénomène Moulay. Mais pendant tout ce temps, cet homme d’affaire continuait à crier son innocence, en clamant haut et fort que son commerce est « clean », en arguant le fait qu’aucune plainte, ni autre réclamation des clients n’ont été enregistrées. A partir de là certaines questions se posent d’elles-mêmes: Comment cet homme a pu mettre en place un tel système? A-t-il eu des assurances  » solides » de la part de personnes bien placées? S’est-il cru  » intouchable » pour monter un tel business? Toutes ces questions et bien d’autres ont fini par éveiller les soupçons des autorités – échaudées par les scandales en cascades et les ont poussées à ouvrir des enquêtes préliminaires. Autre point qui mérite d’être soulevé est le fait que cet homme d’affaires affichait, dès le début des investigations, une assurance quasi-insolente. C’est du moins ce que nous ont révélé certaines sources sûres.  » Ce monsieur ne donnait nullement l’impression d’être iniquité. Au contraire, il s’était tout à fait montré coopératif et ne rechignait jamais à se mettre à la disposition des enquêteurs », nous a-t-on révélé. Ceci a intrigué au plus haut point les responsables de l’enquête. D’ailleurs et d’après nos informations, à un moment donné les investigations allaient être abandonnées. Mais en fouillant bien dans les documents administratifs, relatifs à certaines transactions, notamment dans l’achat de grosses cylindrées, les services concernés ont découvert des défauts de factures. C’est à partir de là que l’enquête a repris de plus belle. Par la suite, nos sources précisent que le propriétaire de l’entreprise  » El Waâd El Sadeq » a commencé à montrer une certaine « panique ». L’assurance et la confiance de M. Moulay se sont subitement atténuées, car elles se sont heurtées à la pugnacité des enquêteurs des différents services. Et ce qui devait arriver arriva! Le  » Moulay gate » a fini par éclater au grand jour. Perquisitions, factures passées au crible et autres investigations, ont conduit les enquêteurs à  » épingler » cette entreprise, pour diverses infractions. Mais au lieu de se conformer aux règles et mettre fin à toute cette mascarade qui n’a que trop duré cette homme d’affaires utilise la masse à son profit. Comment? En organisant des manifestations soit disant  » spontanées » dans sa commune, en incitant les jeunes à crier au  » complot » contre lui. Ceci a été enregistré le jour où M. Abdelhamid Boukahnoun, directeur général du contrôle économique au ministère du Commerce annonçait lors da sa conférence de presse que  » L’entreprise Waâd Sadeq est en situation irrégulière ». Mais certains citoyens de Sour El Ghozlane se refusent d’être les « marionnettes » de ce monsieur.  » On a été sollicité pour manifester en faveur de M. Moulay. On a bien évidement refusé. Si cet homme a commis des irrégularités, il doit en assumer les conséquences », déclarent bon nombre d’habitants de ladite commune. Dans la soirée d’avant-hier dimanche, les services de la wilaya se sont déplacés au niveau de l’APC de Sour El Ghozlane, dans le but d’exiger le retrait du permis d’activités de ce monsieur. Chose qui n’a pas été faite, car les élus locaux estiment que l’entreprise Moulay active dans la légalité. Toutefois et selon des sources locales, le retrait du permis d’activité ne saurait tarder, car l’APC ne peut faire fi des résultats de l’enquête et des décisions des services de la DCP de Bouira.

Ramdane. B.

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