Des citoyens de l’ancien village Ath Ibrahim, qui affichent une vive inquiétude, font part d’une prolifération sans procédant de sangliers, qui, non seulement, font des ravages dans l’agriculture mais aussi ont saccagé de nombreux cimetières aménagés autour du village. Les villageois affirment que pour accéder à l’intérieur de ces lieux de repos éternel, ces bêtes pratiquent des brèches dans les clôtures pour arriver jusqu’aux tombes qu’ils défoncent aussi en creusant de profonds trous et en retournant la terre à la recherche des asticots et des vers blanc dont ils raffolent. Une fois repus, les sangliers, qui se déplacent par hordes de dix à quinze têtes, se mettent à se frotter aux plaques de marbre qui ornent la plupart des tombes pour se débarrasser des puces et autres parasites qui s’accrochent à leurs flancs et qu’ils finissent par briser. Ce village étroitement ceinturé de forêts vierges qui offrent gît et couvert aux sangliers, qui disposent ainsi de vastes territoires boisés à proximité des agglomérations, ont fini, au fil du temps, par s’habituer à la présence humaine qui ne les effarouche plus. Bien au contraire, la peur a changé de camp et ce sont les citoyens qui ont peur de ces imposantes bêtes qui s’enhardissent de plus en plus et qui poussent l’audace jusqu’à s’aventurer à l’intérieur même des cités pour fouiner dans les dépotoirs et les poubelles dont ils disputent le contenu aux meutes de chiens errants. Mohand Amokrane, résidant au quartier Ouaji à Ath Ibrahim, affirme que « les sangliers n’attendent plus la tombée de la nuit pour quitter leurs proches refuges pour s’approcher du village et livrer batailles aux chiens domestiques qu’ils repoussent jusqu’au seuil des maisons ». Un fait que confirmera l’Imam de la mosquée de ce village qui dira que « le nombre des fidèles a sensiblement diminué durant les prières de l’Icha et du Fadjr à cause de la présence en nombre effarant des sangliers qui deviennent de plus en plus menaçants ». Le même Imam, tout en reconnaissant les dégâts causés par ces bêtes aux cimetières, déplore le fait que rien n’est entreprit jusqu’à présent pour protéger ces lieux sacrés, ne serait-ce réparer et renforcer les clôtures pour les empêcher d’arriver aux tombes. La spectaculaire prolifération des sangliers s’explique du fait que les traditionnelles battues pour réduire leur nombre ont cessé depuis le début des années 1990, avec l’avènement du terrorisme, quant les citoyens ont remis leurs fusils de chasse aux services de sécurité qui ne sont pas restitués à ce jour. Il est utile de rappeler qu’une femelle met bas entre douze à quinze marcassins par portée, à raison de deux portées par année et qu’un sanglier adulte pèse entre 180 kg et 200 kg et qu’il avale une ration de 30 kg de nourriture par nuit d’où les ravages qu’ils causent à l’agriculture sur laquelle ces voraces opèrent de véritables razzias en toute quiétude. Un cas qui a pris les contours d’un véritable fléau, depuis ces quinze dernières années, et sur lequel doit se pencher sérieusement les pouvoirs publics.
Oulaid Soualah