Dans un entretien accordé à notre confrère en ligne TSA, paru hier, Amara Benyounès, président du MPA et ministre du Développement industriel et de la Promotion de l’investissement, a abordé plusieurs sujets ayant trait à la présidentielle, à la candidature de Bouteflika, aux accusations de Saâdani à l’encontre du patron de DRS et aux questions liées à son secteur.
Répondant à une question à propos de la direction de campagne à l’endroit de la communauté algérienne à l’étranger du candidat Bouteflika, pour laquelle il est pressenti, le SG du MPA a répondu tout de go : « Je ne sais pas si je m’occuperai spécialement ou pas de la communauté (algérienne) établie à l’étranger. À l’heure où nous en parlons, je n’ai pas encore été sollicité. Mais, c’est facile de convaincre les Algériens de voter pour Bouteflika. Je l’ai déjà fait en 2004, en 2009 et je le referai avec plaisir en 2014. Contrairement à ce que pense le microcosme algérois, la maladie du Président n’a pas l’air de poser des problèmes pour le peuple algérien ». Pour ce qui concerne la difficulté de l’animation par le candidat lui-même de sa campagne, il leur (aux journalistes) a été signifié que « Bouteflika est appelé à gérer le pays avec sa tête et non avec ses pieds. Ce n’est pas parce qu’un président a des problèmes pour se mouvoir qu’il ne peut diriger ou gérer un pays ». Quant au fait que les algériens n’ont pas entendu le président de la République depuis mai 2012, il rétorque : « Je pense qu’il y a des candidats qui ne se sont pas exprimés depuis très longtemps. Et je parle d’une manière générale ! On a tout dit sur le président Bouteflika. Quand il est arrivé ceux qui étaient contre lui disaient qu’il habitait la télévision algérienne et qu’il était tout le temps dans l’avion parce qu’il voyageait beaucoup. Maintenant qu’il parle et voyage moins, c’est la même chose. Je suis un grand supporteur de football et une grande équipe de l’Est avait un slogan incroyable ‘’gagnants on vous tuera, perdants, on vous tuera’’. Le président Bouteflika a beau faire des choses, ce microcosme algérois sera toujours contre lui. C’est normal de s’opposer sur le plan politique, s’opposer sur le bilan, sur des questions d’ordre économique, social et culturel. Mais, certains sont descendus plus bas que les caniveaux. »
«Les algériens ne veulent plus de sauts dans l’inconnu»
Revenant au sujet récurrent lié à la candidature du président et non celle d’un candidat ordinaire, l’interviewé réplique par : « Je l’ai souvent dit, à situation exceptionnelle, il faut un homme exceptionnel. Et si les Algériens décident de voter pour lui et qu’ils continuent, tel que je le pense, à lui faire confiance, c’est qu’ils ont des raisons pour le faire. Bouteflika est perçu par la population algérienne, à raison, comme étant celui qui a ramené la stabilité et qui en est le garant. Les Algériens ne veulent plus revivre le cauchemar qu’ils ont vécu pendant les années 1990. Ils ne veulent plus de sauts dans l’inconnu ou des aventures politiques. Les derniers événements en Ukraine viennent encore nous rappeler que changer pour changer peut être extrêmement dangereux pour le pays. Regardez ce qui se passe en Tunisie, en Egypte, en Syrie ou au Mali. Nous avons été pendant très longtemps, le pays le plus instable de la région. Nous avons eu de la chance, nous l’avons payé très cher et nous sommes devenus le pays le plus stable de la région. Je ne veux pas rappeler les mauvais souvenirs aux Algériens. L’Algérie profonde et réelle sait pourquoi elle va voter pour Bouteflika, parce qu’elle sait d’où elle vient. Bouteflika a pu et su ramener la stabilité et la paix dans le pays. Et dans une élection, ce ne sont pas les journalistes, les hommes politiques ou le microcosme algérois qui vont faire ou défaire un président, mais le peuple. Ce qui me choque, un peu, est le fait que les attaques émanent de personnes qui se disent démocrates, républicaines et tolérantes, alors qu’elles refusent le principe même de la démocratie, qui est le vote ». Concernant les craintes, réelles ou feinte, de soi-disant politologues et opposants, de troubles après les élections, la réponse a été tout aussi cinglante que les précédentes. « Je ne sais pas si quelqu’un, qui n’a jamais écrit un livre, peut être considéré comme politologue. Ici, on écrit trois articles, on devient politologue, et on fait une déclaration contre Bouteflika et on devient opposant. La plupart de ceux que vous appelez opposants, sont des mécontents. Ce sont des personnes qui étaient, pendant des années, dans le pouvoir et qui n’avaient jamais rien dit. Tout se passait très bien jusqu’au jour où le pouvoir a décidé de les mettre dehors. Enfin, jusqu’au jour où ils ont été éjectés du système. C’est normal que Bouteflika ait des opposants. Ce qu’il ne l’est pas, c’est qu’il y ait des anti-Bouteflika qui ne comprennent pas qu’il peut y avoir des pro Bouteflika. Personnellement, je ne dirai jamais que les anti-Bouteflika ne sont pas des patriotes, qu’ils ne sont pas des républicains, des démocrates ou des nationalistes. Il faut qu’on se respecte en tant que tel. Lors de la campagne électorale, il faut une confrontation d’idées et de projets, pour laisser, le 17 avril, le peuple algérien décider. »
«Djamila Bouhired est une grande personnalité»
Quand à l’interrogation à propos des menaces de Djamila Bouhired de descendre dans la rue dans le cas où Bouteflika annonce personnellement sa candidature, Amara Benyounès a eu la réponse suivante : « Djamila Bouhired est une grande personnalité. Je suis fils de Chahid et ma mère est ancienne maquisarde. Donc, vous ne pouvez pas imaginer le respect que j’ai pour ces personnes, notamment quand il s’agit de Djamila Bouhired, Zohra Drif, qui a été traînée dans la boue par Yacef Saâdi, ou Louisa Ighil Ahriz. Pour mon amie Djamila Bouhired, elle est libre de voter pour qui elle veut en 2014, de sortir dans la rue et de crier. Mais c’est le peuple qui va décider de qui sera président de la République. Djamila Bouhired ou Amara Benyounès, chacun aura une voix. Ce n’est pas parce qu’on a été ancien maquisard ou condamné à mort, qu’on va avoir une voix qui compte plus que les autres. On dit : one man one vote (une personne, une voix). Donc, elle va voter comme tous les Algériens, le 17 avril. Et malgré son statut et le respect que j’ai pour elle, elle n’a pas le droit d’interdire à Bouteflika de se présenter à l’élection présidentielle ». Aussi, la réaction du SG du MPA, à Sâadani, son homologue controversé du FLN, qui s’en prenait au DRS, a eu cette réponse de la part de l’interrogé : « Ce qui m’a choqué et qui a choqué l’ensemble des militants du MPA, et tout ce qu’on peut appeler le camp des patriotes républicains du pays, est d’avoir fait un certain amalgame sur les actes terroristes, de l’assassinat de Boudiaf, jusqu’à l’attaque terroriste contre le site gazier de Tiguentourine. La position du MPA est d’une clarté absolue et la mienne aussi, ce sont les terroristes du GIA et du GSPC qui ont été à l’origine de la totalité des actes terroristes perpétrés en Algérie. Et quelle que soit la personne qui intervient pour essayer de dénaturer cela, moi et mon parti serons là pour le rectifier. Nous l’avons fait pendant les années 1990, contre les adeptes du « qui tue qui ? ». J’ai toujours eu la même position par rapport à cette question en défendant l’honneur, la dignité et l’engagement des forces patriotiques de ce pays et, à fortiori, de l’Armée Nationale Populaire. »
«L’État ne préempte jamais quand il s’agit des Algériens»
Abordant la dernière tripartite et les réponses « mitigés » de cette dernière, le ministre du Développement industriel a eu cette réponse : « Parmi les choses importantes effectuées au cours de cette Tripartite, figure la signature du pacte national économique et social. Nous sommes le seul pays au monde à avoir pu arriver à la signature d’un pacte entre les trois parties : gouvernement, syndicat et patronat. Le rétablissement du climat de confiance entre ces parties est très important. Dans l’ancien pacte de 2006, il y avait des recommandations. Là il s’agit d’engagements des trois parties sur un certain nombre d’actions. Nous allons mettre en place, à partir de la semaine prochaine, un comité national de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre de ce pacte ». Quant à la question relative à la décision de l’Etat d’exercer son droit de préemption sur l’opération de rachat de Michelin par Cevital, le ministre chargé du secteur à tenu à rappeler « une chose importante concernant cette affaire d’exercice de droit de préemption. L’État ne préempte quasiment jamais, notamment quand ce sont des Algériens qui rachètent des entreprises. Depuis que je suis ministre, je signe trois fois par semaine des renonciations à l’exercice du droit de préemption. Par contre, nous essayons de le faire dans deux cas, quand nous estimons que le prix de cession est sous-évalué et quand l’activité disparaît. Dans le dossier Michelin Algérie, nous étions confrontés aux deux cas. L’usine de production de pneumatiques a disparu et le prix de cession était beaucoup trop bas. Le terrain de près de 15 hectares a été évalué à près 11 000 DA le mètre carré alors que tout le monde sait que le mètre carré (dans cette zone) coûte, au minimum, 150 000 DA le mètre carré. Et nous ne préemptons jamais contre l’acheteur, mais toujours contre le vendeur. Nous intervenons pour sauvegarder les intérêts du pays. S’ils vendent au prix du marché je ne vais pas préempter ».
Synthèse : Sadek A.H.

