Le suicide, jeudi dernier, de Chachoua Ismaïl, jeune collégien de 13 ans, du village Thaghanimth, dans la commune d’Irdjen, continue de susciter l’émoi et la consternation. Un drame qui a provoqué un choc au sein de la population locale, surtout parmi les camarades collégiens de la victime Quelques jours après ce drame, le père, la mère et la sœur d’Ismail demeurent inconsolables.
Le non-paiement de la redevance de la demi-pension par cet enfant serait-elle la seule raison l’ayant conduit à vouloir mettre fin à sa vie ? Le défunt fut retrouvé sans vie, jeudi 20 février, dans la salle de bain du domicile familial. C’est son père qui l’avait découvert, en fin de journée, pendu à l’aide de sa ceinture. Il tenta de le réanimer, mais en vain. « J’ai tenté d’abord de le réanimer, mais voyant qu’il ne répondait plus, je l’ai transporté avec un ami vers l’hôpital de Larbaâ Nath-Irathen où ils constateront son décès», nous a raconté avant-hier, Chachoua Ali, le père, qui avait d’énormes difficultés à se remettre de ce drame. « La veille du drame, soit le mercredi, mon fils, scolarisé au collège Mahyouz Ahcène, devait payer la redevance de sa demi-pension pour le second trimestre. Il avait été sommé par la surveillante de verser 600 dinars représentant les frais de la cantine scolaire. Le soir, Ismail m’informa qu’on l’avait averti d’être renvoyé s’il ne s’acquittait pas de cette somme dés le lendemain, à l’instar de ses autres camarades qui ne le feraient pas », dira Ali, qui avoue n’avoir pas donné cette somme à son fils : « J’étais fatigué et j’ai pris avec légèreté ce que mon fils m’avait dit, je ne lui ai pas remis cet argent et lui-même n’avait pas insisté. Le lendemain, jeudi, alors que j’étais à Tizi-Ouzou, Ismaïl m’appela au téléphone pour me dire qu’il venait d’être renvoyé de l’école à cause de la somme impayée à la cantine. Je lui ai dit alors de s’approcher d’un commerçant du village et lui demander, de ma part, cet argent et d’aller payer les frais de la cantine. Mon fils ne l’a malheureusement pas fait, peut-être qu’il en avait honte». Ali Chachoua, ajoutera : « Le soir, à mon retour à la maison, je lui ai demandé la raison pour laquelle il n’est pas passé chez le commerçant, mais il ne m’a pas répondu. Il est allé s’enfermer dans la salle de bain d’où il ne ressortira jamais… » Des témoignages des camarades d’Ismail, dont le père a eu l’échos lors des funérailles, il en ressort que la cause principal de son acte était l’humiliation qu’il aurait subie à l’école faute de pouvoir payer cette redevance de la cantine scolaire. « Ses camarades m’ont dit qu’il avait été humilié par la surveillante qui l’aurait renvoyé de l’école, chose qu’il n’aurait pas supporté et c’est peut-être la raison qui l’a poussé à se donner la mort ». Mais cette version est contredite par une source proche du personnel du collège qui nie le fait que l’enfant ait été humilié. « La surveillante, qui gardera d’ailleurs à jamais les séquelles de la mort d’Ismaïl, ne l’a pas humilié elle n’a fait qu’appliquer le règlement, pour lui et quatre autres de ses camarades qui devaient, tous, s’acquitter des frais de la demi-pension ». Hier encore, le directeur du collège était accompagné du maire de la commune pour déposer une gerbe de fleurs sur la tombe d’Ismail Chachoua, en présence de ses camarades de classe.
Youcef Ziad