L’association Tafath célèbre le 1er jour du printemps amazigh

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Nouvellement créée, l’association socioculturelle « Tafath » du village Tibouamouchine, dans la commune de Seddouk, fait déjà parler d’elle grâce aux actions louables qu’elle a menées. En effet, après avoir célébré Yennayer en organisant une fête grandiose matérialisée par une exposition d’outils agraires anciens et une conférence débat autour de l’identité berbère, rendu un vibrant hommage aux Chouhada de la révolution lors d’une exposition sur la révolution faite le 18 février passé à l’université de Béjaïa, voilà qu’elle revient, depuis samedi dernier, avec un programme riche et varié à l’occasion du premier jour du printemps amazigh. D’abord, elle a ressuscité une pratique séculaire que les gens ont perdue de vue. Il s’agit de « Bouaffif ». Une troupe, composée de plusieurs personnes, sort le soir et fait du porte à porte dans les villages, amusant les gens contre des dons alimentaires. Les personnages ont chacun un rôle à jouer. En premier lieu, un bon orateur frappe à la porte en prêchant la bonne parole et en invitant les membres de la famille à sortir. Une fois la porte ouverte, on lui présente une autre personne déguisée en mulet et imitant des gestes propres à un mulet pour leur faire peur. Ensuite, les chanteurs et les danseurs rentrent en action pour amuser les spectateurs. La troupe ne passe à la maison suivante qu’après avoir reçu une offrande qui est généralement des œufs sinon des figues, l’huile d’olive ou tous autres produits alimentaires. Pourquoi des œufs ? Parce que le premier jour du printemps berbère, comme légué par nos ancêtres, est une pratique qui consiste à la préparation d’un repas spécial appelé « Aderyis ». Ce repas très consistant n’est autre qu’un couscous mélangé à de différents légumes (Amekfoul). L’ensemble est cuit à la vapeur dans un couscoussier. Ce repas se prend sans sauce mais avec des œufs cuits à l’eau dans la même marmite où sont cuites aussi des racines d’Aderyis (racines de narcisses), qui seront jetées après la cuisson. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Bouaffif a des similitudes avec Halloween dans les pays anglo-saxons, une pratique toujours en vigueur en Amérique du nord et au Canada. L’association « Tafath » a servi, dans la journée du samedi dernier, pas moins de 300 repas d’Aderyis à la grande salle d’Agoulmim, aux villageois, aux passants ainsi qu’aux  invités attablés pour prendre un couscous graissé avec de l’huile d’olive de cette année et des œufs, qui mettent l’eau à la bouche des gourmands.

L. Beddar

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