L’ex-directeur riposte

Partager

Le désormais ex-directeur du CFPA de la commune de Haizer, M. Amrouni Hamid, vient d’être suspendu de ses fonctions, par décision ministérielle.

Ce monsieur, faut-il le rappeler, a fait une grève de la faim, au mois de janvier dernier, afin de dénoncer « les dérives » et de lancer de graves accusations ayant trait à la gestion précédente. Ainsi, M. Amrouni, a soulevé d’innombrables anomalies, parmi lesquelles on citera « l’utilisation d’une billetterie parallèle au niveau de la cantine, la disparition de 40 diplômes vierges, le trafic de 26 diplômes, le paiement fictif d’une enseignante absente pendent 22 mois, le paiement des présalaires fictifs d’apprentis, les faux et usages de faux et la sortie illégale d’un nombre importants d’objets fabriqués par les stagiaires… ». Dans le but d’en savoir plus sur le sujet, nous avons voulu prendre attache avec les responsables du CFPA de Haïzer. Mais quelle fut notre surprise d’apprendre, via un agent de sécurité sur instruction du nouveau responsable de ce centre, que la presse est « indésirable » et que si nous voulions nous entretenir avec M. Amrouni, il fallait qu’on le fasse en dehors de l’établissement. Par la suite, et au détour d’une ruelle, l’ex-directeur de ce centre de formation nous a déclaré : « On m’a limogé car je dérange beaucoup de monde. Mon éviction, n’a même pas été justifiée. On m’a simplement dit de plier bagage, sans aucun motif ». Voulant savoir si son limogeage avait un lien direct avec la commission d’enquête ministérielle qui s’était déplacée au niveau de CFPA de Haïzer, au début du mois de février dernier, notre vis-à-vis a été plus qu’affirmatif : « Oui ! Ce sont les membres de cette commission qui ont décidé de mon éviction, ils ont peur ! », a-t-il lâché.  Peur de quoi ? À cette question, M. Amrouni répondra sèchement : « Peur que je mette à mal tout leur système de magouilles. Donc, ils ont pris la décision de me mettre à la porte pour me faire taire, mais ils n’y arriveront pas », a-t-il assuré. Notre interlocuteur nous informera, ensuite, qu’une instruction de justice a été ouverte et que tous les éléments de preuves, qu’il dit détenir, sont entre les mains de la justice. « Je viens d’être auditionné et j’ai remis tous ce que j’ai comme preuves à la justice. Je n’ai rien à craindre et, surtout, pas des gens qui ont érigé le vol et le détournement comme institution ». Questionné à propos des présumées preuves attestant notamment de la disparition de plus d’une quarantaine de diplômes, M. Amrouni Hamid nous a remis l’inventaire des diplômes datant de 1998 à 2010, arrêté à la date du 31 juillet 2011. Dans ce document, qui est en notre possession, il est clairement indiqué que sur un total de 1 446 diplômes enregistrés, 1 224 ont été remis, 176 non remis et 46 diplômes sont manquants. Dans le même document, qui est dument signé par l’adjoint technique et pédagogique de l’époque, il y a une note en bas de page qui indique que « tout diplôme manquant, en dehors de ce document (inventaire, Ndlr) est sous la responsabilité du directeur sortant (le prédécesseur de M. Amrouni ». Mais fait étrange, cet ancien directeur aurait, selon M. Amrouni, refusé de signer cet inventaire, d’ailleurs sa signature n’apparaît nulle part sur l’inventaire. « Quand j’ai remis ce document aux inspecteurs du ministère, ils ont tiqué mais ont préféré fermer les yeux ! », a-t-il certifié. À propos des accusations de « délivrance de faux diplômes », M. Amrouni est catégorique : « Oui, je suis formel. Il y a bel est bien eu trafic de diplômes ». Par la suite, il nous remettra une copie d’un registre des diplômes de dactylographes. Dans ce registre, il prendra l’exemple du diplôme d’une ancienne stagiaire, dont le numéro de série est complètement différent de celui du certificat d’origine. Pour M. Amrouni, « c’est une preuve flagrante et irréfutable du trafic de diplômes. Même avec ça, les membres de la commission n’ont rien voulu savoir. Ils ont été défaillants dans leur travail », soulignera-t-il. 

«Qu’il aille se plaindre au ministre !»

Ces déclarations sont complètements réfutées par les services de la DFP de Bouira. Ainsi et à défaut du directeur de l’Enseignement et de la formation professionnelle, qui était lors de notre passage en réunion avec le wali, c’est M. Djouab, chef de service à la DFP de Bouira, qui s’est exprimé sur le sujet. Pour ce responsable, «M. Amrouni a été limogé par décision de la commission de tutelle et s’il considère que ladite commission n’a pas fait convenablement son travail, il n’a qu’à aller se plaindre auprès du ministre ! », a-t-il estimé. Sur le volet des supposés diplômes trafiqués, notre interlocuteur dira que « les enquêteurs du ministère n’ont décelé aucune anomalie. Les différents registres ont été comparés et passés au crible et tout a été mis à plat sans qu’ils ne trouvent preuve de trafic ». Par rapport à la présumée disparition de diplômes, M. Djouab soulignera le fait que M. Amrouni « devait signaler ces disparitions au moment de sa prise de fonction. Pourquoi a-t-il autant attendu ? », s’est-il interrogé avant d’ajouter : « Attention, je n’apporte aucun jugement à ces faits, car je ne suis pas habilité à le faire. Je dis simplement que M. Amrouni avait toute la latitude d’effectuer les démarches nécessaires au préalable ».

Ramdane Bourahla

Partager