L’Association pour le développement de l’agriculture de la commune de Timizart (ADACT) maintient le mot d’ordre de grève du lait, annoncée pour demain.
S’érigeant en porte parole de tous les agriculteurs et éleveurs de la wilaya de Tizi-Ouzou, l’association tire la sonnette d’alarme sur « la situation précaire des agriculteurs ». Une situation qui, selon eux, « finira par avoir raison du métier, si rien n’est fait pour soutenir les agriculteurs ». Pour leur première action de protestation, les agriculteurs prévoient deux journées pendant lesquelles aucune goutte de lait ne sera acheminée vers les différentes laiteries de la wilaya. C’est la décision prise par l’ADACT, lors de son assemblée générale tenue en date du 28 février. Hier, à l’occasion d’une conférence de presse organisée au niveau du bureau de wilaya de l’Union nationale des paysans algériens. L’appel à cette action de protestation a été maintenu et réitéré. Plus de 700 éleveurs devraient y prendre part. On apprendra, à cet effet, que l’action sera accompagnée par une caravane de camions collecteurs de lait à vide, prévue pour le premier jour de la grève. Il est prévu que la caravane démarre de Souk El Had, chef lieu de la commune de Timizart, et se dirige vers le chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou via Ouaguenoun, selon les membres de l’association. M. Ougmat Rabah, secrétaire général de l’ADACT, souligne que cette caravane « passera devant le siège de la direction des services agricoles, avant de rejoindre le siège de la wilaya pour interpeler les pouvoirs publics sur la situation des éleveurs ». Un cri de détresse et un appel au secours, plutôt qu’une interpellation des pouvoirs publics. Un SOS émanant du socle de la production laitière au niveau de la wilaya, puisque Timizart, à elle seule, enregistre une production journalière de 40 000 litres, selon les services agricole, et beaucoup plus d’après les agriculteurs, qui parlent de plus de 65 000 l/j. Car, à la manière où vont les choses, « le métier d’agriculteur, en général, et d’éleveurs de bovins, en particulier, risque de disparaitre si rien n’est fait pour les soutenir ». Les agriculteurs, s’estimant longtemps lésés, semblent, cette fois-ci déterminés. Les 780 adhérents à l’association, ne comptent pas s’arrêter à cette action. En effet, dans le cas où aucune mesure n’est prise par les services concernés pour répondre favorablement à leurs doléances, ils n’hésiteront pas à passer à d’autres actions encore plus radicales. Des actions sont ainsi en réflexion, selon M. Ougmat, comme, par exemple la fermeture des institutions comme la DSA, le siège de la wilaya, ou encore l’appel à une grève générale et la paralysie de tous les secteurs agricoles. Lors de la même conférence, Amias Mouloud, président de l’association donnera des explications chiffrées détaillées sur le prix de revient d’un litre de lait. Ceci en mettant en avant ce que les éleveurs doivent dépenser pour l’alimentation, l’hygiène et la santé de leurs vaches laitières et leurs progénitures. Il mettra en avant le prix de l’aliment, acheté entre 3 700 et 4 000 dinars, le foin dont la botte est cédée à pas moins de 850 DA. Ainsi, il arrivera au résultat qu’une vache fait perdre une moyenne de 11 millions de centime annuellement à son propriétaire, si ce n’est plus. D’après lui, « le prix de vente du lait qui est fixé à 34 DA et loin en dessous du prix de revient qui, lui, avoisine les 70 DA ». C’est d’ailleurs pour cette raison que la première revendication transcrite dans la plate-forme érigée par l’association est celle de porter le prix de vente du litre de lait à 60 dinars. A cela s’ajoute un second point, celui de la revue à la hausse de la subvention de l’Etat au litre de lait à 30DA. Actuellement, la subvention est de 12Da/l et de plus elle tarde à être perçu. D’après les éleveurs, « cela fait plus de six mois que nous ne l’avons pas touché ». D’autre part, ajoute le président de l’association : « L’agriculteur croule sous les dettes, il est, à chaque fois, confronté à la réalité de se séparer d’une de ses bêtes pour assurer les besoins des autre. Et de cette manière, on ne pourra jamais progresser ». Toujours dans le même contexte des « aberrations » relevée par l’association, l’assurance qui « n’est pas à la portée du fellah qui ne peut ni assurer sa personne, encore moins son bétail ». Ainsi, et d’après un autre membre de l’ADACT « la CRMA ne prend pas en charge les risques de maladies contagieuses dans leur close d’assurance, comme c’est le cas de la brucellose et de la tuberculose ». Ceci, même ci « normalement, le cheptel d’importation acquis par l’éleveur, censé être sain de toute maladies à éradication obligatoire, se doit d’être automatiquement assuré », souligne un autre intervenant. « Et puis, si on n’a rien compris à cette assurance, qu’on nous explique comment ça marche, mais qu’ils cessent de nous berner», ajoutera le même interlocuteur. Par ailleurs, les conférenciers assurent qu’au niveau de la direction des services agricoles, « on nous signifie que les problèmes que nous soulevons sont du ressort de l’Office national du lait ». Il est à souligner que les problèmes cités, ont été mis en avant dans une plate-forme de revendications qui en comporte d’autres. Une copie de cette dernière, qui regroupe 18 doléances a été présentée au niveau des différents services agricoles, de la wilaya, de l’APW et les autorités locales de Timizart, entre autres destinataires.
Tassadit Ch.

