«Les manifestants doivent se conformer à la loi !»

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Le Directeur général de la Sûreté nationale, le général major Abdelghani Hamel, a animé hier un point de presse, au siège de la DGSN, à Bab-El-Oued, pour apporter des éclaircissements quant aux derniers événements survenus dans la capitale, après l’intervention des services de l’ordre pour empêcher les rassemblements qui s’opposaient à un 4ème mandat du Président Abdelaziz Bouteflka. 

Des incidents qui ont, pour rappel, mené à l’interpellation de plusieurs personnes qui ont été relâchées par la suite. Le patron de la police dira : « Les manifestants doivent se conformer à la loi », appuyant ses dires par l’énoncé des articles de loi dont il est question.Abdelaghani Hamel tiendra à faire savoir que les autorités administratives sont responsables de l’ordre public, expliquant que le wali, en sa qualité de chef de l’exécutif, a des prérogatives qui lui permettent de réquisitionner les services de police et/ ou de  la  Gendarmerie nationale si l’ordre public est menacé. Il peut même faire appel aux unités d’intervention, s’il considère qu’elles sont nécessaires pour faire rétablir l’ordre public.

«Rétablir l’ordre sans nous intéresser au contenu de la revendication» 

Concernant les services de police, le général major a tenu à souligner que ses services « sont tenus de rétablir l’ordre public, en utilisant les moyens légaux et conformément à la charte des Droits de l’Homme ». Pour ce qui est de la procédure à suivre en pareil cas, le directeur de la sécurité publique (DSP), Aissa Naili, succèdera au général major et résumera le processus de rétablissement de l’ordre public, et ce « quel que soit le mot d’ordre des manifestants », a-t-il indiqué aux journalistes présents. « C’est le manuel de la gestion démocratique des foules qui sert de base à  toute intervention des forces de l’ordre », précisera l’intervenant. Concernant les derniers événements survenus dans la capitale, précisément au niveau de la faculté centrale, et qui s’est soldée par l’interpellation de 264 personnes dont 30 journalistes, le premier responsable de la police, Abdelaghani Hamel, a tenu à ajouter : «  pour qu’il y ait regroupement sur la voie publique, il faut une autorisation délivrée par les responsables de la wilaya, territorialement compétents. Dans le cas contraire, la police réquisitionnée par le wali n’a d’autres choix que d’intervenir et d’empêcher que l’attroupement ait lieu », avant de préciser : « Les autorités administratives sont responsables de l’ordre ». Phrase répétée plusieurs fois, pour situer la responsabilité de tout un chacun et faire savoir, par ricochet, que l’intervention des services de police n’est pas une action cavalière et qu’elle répond à la réquisition du wali selon la gravité des faits et la proportion des moyens à mettre en œuvre pour y remédier. Les réquisitions d’avant intervention peuvent avoir trois origines, selon Abdelaghani Hamel : le P/APC ou le wali, et le ministre de l’Intérieur quand les événements touchent deux (2) wilayas et plus. Et à une question qui lui a été posée concernant l’autorité qui a réquisitionné la DGSN afin d’intervenir, Abdelaghani Hamel lâchera : «  c’est le wali d’Alger ! ».

«Nous respectons les droits de l’Homme quand nous interpellons les manifestants» 

 Sur un autre registre, le général major a insisté sur le respect de la personne lors des interpellations. Il fera savoir que le respect des droits de l’homme et le traitement humain des personnes en garde à vue dans les commissariats de police sont les principales préoccupations de la sûreté nationale : « Nous donnons une extrême importance au respect des droits de l’homme et aux conditions de détention en garde à vue des personnes impliquées dans les affaires pénales et criminelles ». Et pour indiquer que le traitement des interpellés est conforme à la convention des droits de l’Homme, Abdelaghani Hamel a également indiqué que, « la police algérienne a toujours privilégié le dialogue avec les manifestants. En cas  d’intervention pour préserver l’ordre public, le DGSN a interdit l’utilisation des moyens conventionnels comme la matraque, le gaz lacrymogène toxique et les balles en caoutchouc ». Et pour appuyer son argumentaire, il a indiqué que lors des émeutes de janvier 2011, les forces antiémeutes, fortement déployées, notamment à Alger, n’ont pas usé d’armes à feu. Et lors des rassemblements et manifestations organisés par l’opposition, après ces émeutes, la police a réussi à les contenir, sans utiliser la force et sans faire de victimes, dans un contexte régional marqué par le printemps arabe et les soulèvements populaires en Tunisie, en Libye et en Égypte.  «  Nous sommes plutôt gentils avec les manifestants, comparativement avec ce qui se fait ailleurs », a conclu Abdelghani Hamel.

Ferhat Zafane 

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