Boubekeur est une tirade

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Il avait deux ans quand sa famille quitta la crête de Tifilkoult pour s’installer à Annaba. Son père, paraplégique, vendait les journaux, assis à même le trottoir. A sept ans, Boubekeur fabriqua de ses propres mains un kaléidoscope avec du carton. Il faisait payer les enfants du quartier quatre centimes pour la démonstration, et grâce à ces quelques sous, il achetait des provisions pour sa famille. En Italie, il avait avec lui son chat auquel il attachait une assiette sur laquelle était écrit : “Aidez-moi à acheter du lait pour mon chat.” Des passants généreux glissaient alors de la petite monnaie. Yela Ra’bi! Il a gardé comme souvenir sa toute première paire d’espadrilles. Boubekeur, poète, auteur comédien et metteur en scène, a travaillé à Annaba, à Bgayet, en Tunisie, en Italie et en France. Diabétique et surmené, il hibernaille dans une loge sombre et humide de TR Bgayet. Hafila Tassir, Zeynouba. Hissaristan, Ghabou lefkar, Nouba fi El-andalous et Flagrant délirium témoignent encore de son génie et de sa sensibilité de fils du peuple. Il s’est accommodé de son diabète, mais pas de la bêtise et de l’indifférence. C’est que Boubekeur est une tirade. Le paradis est-il bon pour les diabétiques? Il y a, paraît-il, plein de sucreries…

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