"La gestion des hôpitaux est à revoir"

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Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Abdelmalak Boudiaf, était hier en visite de travail et d'inspection dans la wilaya de Bouira.

Lors de sa tournée, le ministre a inspecté plusieurs infrastructures de son département à travers les communes de Lakhdaria, Ain Bessam, Sour El Ghozlane et M’Chedallah. Au niveau de la commune de Lakhdaria, l’hôte de Bouira a passé en revue l’Etablissement public hospitalier (EPH) Colonel Ouamrane, au niveau duquel le ministre a constaté bon nombre d’anomalies. La première d’entre elles est relative à la réalisation du bloc de l’unité médico-chirurgicale (UMC). Ce projet, pour rappel, était inscrit en 2008, pour une autorisation de programme (AP) initiale de 70 millions de DA, avant d’être réévaluée à 250 millions. Cependant, et jusqu’à présent, il n’est pas encore achevé.  » Qu’est-ce que vous attendez? Les patients trépignent d’impatience. C’est inadmissible », s’est-il offusqué. Les responsables du secteur ont tenté de se justifier, mais sans pour autant convaincre. Par la suite, M. Boudiaf a interpellé le DSP de Bouira par intérim et le directeur de l’hôpital de Lakhdaria à propos du budget alloué à cet établissement.  » On vous a accordé votre budget au mois de janvier dernier. Mais à ce que je vois, vous n’en avez pas encore fait usage. Je veux des explications! », s’est-il exclamé. Les responsables, à l’image du DSP, du directeur financier de l’EPH et du DG de ce dernier, se sont carrément   » noyés » en justificatifs.  » On s’est réuni, on compte prendre des décisions, c’est une question de quelques jours », ont-ils tenté d’expliquer, sans toutefois s’accorder sur « une version » à présenter au ministre. Ce dernier, exaspéré par tant de cafouillage, s’est dit  » consterné  » par cette gestion qu’il a qualifié d’  » approximative ». Par la suite, le ministre s’est penché sur les différents blocs que comporte cet hôpital. 

Médecins spécialistes et radiologues : le « OK » de Boudiaf 

Par la suite, la délégation officielle s’est dirigée vers la commune de Sour El Ghozlane, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest du chef-lieu de la wilaya. Lors de cette halte, M. Boudiaf, en compagnie du wali de Bouira et du DSP, ont inspecté l’hôpital psychiatrique (EHS), d’une capacité de 80 lits. Cette structure hospitalière, faut-il le rappeler, devait être réceptionnée à la fin de l’année écoulée, mais force est de constater que les travaux sont toujours en cours. D’ailleurs, dans ces mêmes colonnes, il a été fait état de piétinements qu’a connu cet EHS. Pour rappel, cet hôpital, qui rentre dans le cadre du programme des Hauts Plateaux, a été inscrit en 2006 et les travaux de sa réalisation ont démarré au mois d’août 2009, le tout pour un montant de 820 millions de DA. Hier, le ministre a constaté les retards enregistrés, mais il ne s’est pas alarmé pour autant.  » Je voudrais bien qu’il soit mis en service aujourd’hui. Cependant, ces retards ne sont pas spécifiques à Bouira », a-t-il déclaré. Par la suite, le premier responsable de la santé en Algérie a révélé qu’à Bouira, ou ailleurs,  » il y a des défaillances de gestion et d’organisation. Nous nous attelons à réformer et moderniser le système hospitalier. Mais ce n’est pas évident », a-t-il déploré. Dans la foulée, c’est le centre d’hémodialyse de la même commune qui a été visité. A titre indicatif, le centre d’hémodialyse de Sour El Ghozlane a été mis en service en 2011 et prend en charge 31 malades, tout en garantissant les soins au profit d’autres insuffisants rénaux issus des 10 communes relevant de sa circonscription. Il s’agit de Mesdour, Ridane, Taghdit, Bordj O’Khriss, Dirah, Maamoura, Dechmia, Hadjra Zerga, Sour El Ghozlane et El Hakimia. Le projet a été réalisé à la faveur du programme des Hauts Plateaux, et a nécessité une enveloppe financière de 12 milliards de centimes. De la sorte, les malades de la région sud n’ont plus à se déplacer au chef-lieu de wilaya pour des soins, avec tous les ennuis qu’ils supportent et qui se rapportent aux dépenses pour le transport, la nourriture et autres frais. Ensuite, c’était le tour de l’EPH Farès Yahiaoui, situé dans la même municipalité d’être inspecté par le ministre. Cette structure hospitalière comporte des pavillons de phtisiologie et de pédiatrie, construits en dur, les autres bâtiments sont en pierres taillés et en plancher. L’hôpital est bâti sur une superficie totale de 13 840 M2 et conçu pour une capacité de 345 lits. Profitant d’une halte au niveau de cette structure, le ministre a fait deux importantes annonces en matière d’affectation de médecins spécialistes et radiologue.  » Nous avons pris la décision d’affecter un certain quota de médecins spécialistes et radiologues à Bouira », a assuré M. Boudiaf. Avant d’ajouter : » Les médecins seront affectés à la DSP, et c’est au directeur de les dispatcher selon les besoins de la wilaya ». Une autre structure de santé celle du laboratoire d’analyse de l’institut Pasteur, a été inspectée par Boudiaf. Ce projet a été inscrit en 2006, pour un AP initiale de 20 millions de DA, avant d’être réévalué en 2008, pour atteindre les 150 millions de dinars. Après moult retards, arrêts et autres piétinements, ce laboratoire équipé en matériaux dernier cri, devrait, selon le DSP de Bouira, ouvrir ses portes d’ici la fin du mois en cours.

M’Chedallah : Le projet d’un hôpital de 120 lits relancé

Dans la commune d’Ain Bessam, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest du chef-lieu de la wilaya, la délégation officielle a procédé à l’inauguration de l’Unité médicochirurgicale de l’EPH de cette commune. Pour rappel, ce projet a été attribué en 2009, dans le cadre du plan national du redressement du secteur de la santé le projet de réalisation d’unité UMC pour l’hôpital d’Aïn Bessam avait enregistré d’énormes retards, notamment dans sa réalisation, sa réception et sa mise en service. D’une durée initiale de 48 mois, les travaux de réalisation de ce projet, dont les pouvoirs publics avait réservé une enveloppe de près de 193 millions de DA  (infrastructure et équipements médicaux), ont pris un retard de près d’une année. Ainsi, l’épreuve du choix de terrain n’avait pas posé problème au début de l’opération, puisque l’hôpital d’Aïn Bessam disposait d’une importante assiette de terrain non exploitée depuis plusieurs années. Les travaux de réalisation dudit UMC avaient été marqués par plusieurs arrêts, dus notamment aux intempéries. Une fois achevé la nouvelle infrastructure n’a pu être mise en service, dans un premier temps, faute de raccordement au courant électrique.  Un problème qui avait contraint les responsables de la DSP de Bouira à reporter, encore une fois, la date de son inauguration officielle. Le problème ayant été réglé au début du mois en cours, les responsables du secteur avaient, enfin, pu lancer les procédures réglementaires pour sa mise en service. Hier, M. Boudiaf, s’est dit  » satisfait  » de l’ouverture de cette UMC, qui devrait absorber le flux de malades des régions avoisinantes. Ensuite, le ministre s’est dirigé vers la commune de M’Chedallah, afin d’inspecter les travaux d’un hôpital de 120 lits. Ce projet a été inscrit en 2009 et lancé au cours du premier semestre 2012, pour une enveloppe budgétaire d’un milliard de dinars, à la faveur du plan quinquennal 2010-2014. Il aura fallu attendre la dernière visite du Premier ministre à Bouira pour que ce projet connaisse une nouvelle relance. À titre indicatif, une assiette de 5 ha, dont 20 000 m2 en bâti, a été sélectionnée pour son implantation au lieudit “ Ait Amara», près du siège de la daïra de  M’Chedallah. Une fois opérationnel, cet hôpital assurera quatre importantes spécialités, objet d’une forte demande de la part de la population locale, à savoir la pédiatrie, la maternité la chirurgie et la médecine interne. Face à ces retards, le ministre s’est montré intransigeant : » Tous ces arrêts sont inadmissibles! Ce projet revêt une importance capitale, pour ne pas dire vitale. De ce fait, je tiens à vous informer que l’entreprise a été déjà choisie et les travaux vont reprendre incessamment. Toutefois, j’exige que cet hôpital soit achevé dans les délais impartis. Je ne tolèrerai plus le moindre retard », a-t-il averti.

Ramdane Bourahla

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