Jamais les terres agricoles ne sont menacées par l’avancée du béton comme ces dernières années ! Il y a une véritable anarchie dans l’urbanisation qui a littéralement explosé. Des terres agricoles d’une excellente qualité sont détournées de leur vocation dans l’impunité totale. Même si de larges surfaces relèvent du domaine privé il n’en demeure pas moins que la rationalisation dans la construction n’est pas prise en compte par les habitants des différentes localités. Déraciner des dizaines d’oliviers pour construire, fait très mal au cœur. C’est affligeant de voir des oliviers centenaires, un véritable patrimoine matériel, exterminés sans état d’âme. Notre virée dans le quartier périphérique d’Aheriadhe, sis au chef-lieu communal de Chorfa, nous a laissé sans voix ! Des habitations, des villas et de modestes appartements poussent comme des champignons dans des oliveraies, où trônent encore des oliviers séculaires, qui semblent résister encore au temps et… à la bêtise humaine. Ce quartier est coupé par une seule rue, du nom de Merzouk Mohand Rachid. Le chemin qui y mène n’est pas catastrophique quand même. Il va de la RN26 et se « perd » quelques parts dans ce hameau agricole par excellence, dont les terres ne sont pas travaillées. Seules quelques aires de cultures maraîchères sont plantées pour la consommation familiale uniquement. Le sol ocre et fait spécialement pour l’agriculture, donne envie de crier de colère tellement il est délaissé. Il ne mérite pas le sort qui lui est réservé ! « Comme vous voyez, les habitants ont changé de métiers. Ils ne vivent plus de la terre comme avant. Et puis, la terre de nos jours demande beaucoup de moyens et de sacrifices », se désole un septuagénaire, habitant d’Aheriadhe. De part et d’autre la chaussée, des oliveraies se déclinent à mesure que nous avancions. Des matériaux de construction par-ci et des plateformes pour habitations par-là défigurent ce site paradisiaque. Que fallait-il faire pour épargner ces oliviers qui semblent avoir « vécu » l’époque romaine, tellement ils sont imposants! Dans ce hameau, il y a une école primaire, une pépinière privée pour arbres fruitiers et forestiers et une usine d’exploitation de l’eau de source « Mont Djurdjura », laquelle emploie des dizaines de personnes. Le va-et-vient des camions, pour charger les bouteilles d’eau, « déchire » avec le vrombissement des moteurs le silence et la quiétude ambiante. Cette immense surface plantée d’oliviers est en train de disparaître peu à peu sous le béton, alors qu’elle n’est pas destinée à ce triste sort !
Y. Samir