Le Front des forces socialistes multiplie ses sorties, ces derniers jours, envers sa base militante, via la tenue de Conseils fédéraux extraordinaires, pour «expliciter» sa position sur la présidentielle. Le «Ni-ni», adopté le 7 mars dernier, semble avoir désarçonné les militants et sympathisants qui réclament des précisions. A moins que les membres du Secrétariat national, présents hier au Conseil fédéral extraordinaire de Tizi-Ouzou, n’aient usé d’une simple pédagogie pour expliquer, à huis clos, à leurs militants qu’« il ne faut pas aller voter le 17 avril prochain». C’est ce qui ressort, en tout cas, des «explicitations» fournies par le chargé de la communication du parti, Youcef Aouchiche, au sujet du « Ni-ni » adopté lors du dernier Conseil national. «Au FFS, nous jugeons qu’il est inconcevable de participer à cette élection, dans tous ses aspects», dira M. Aouchiche, avant d’expliquer : «Il est inutile d’être présents dans les commissions ou dans les bureaux de vote, comme est aussi inutile l’acte du vote en lui-même». Abasourdis, les militants présents dans la salle demandent des explications, sur quoi l’orateur répliqua : «Il n’est pas question aux militants du FFS de participer à cette élection sous quelque forme qu’elle soit ». Cette « non-participation » n’est pas un appel au boycott, dira encore le membre du Secrétariat national. Car, selon lui, et adoptant la ligne directrice du Conseil national qui a rejeté cette option, « le boycott, à lui seul, ne peut constituer l’alternative au système » politique du pays. Puis de clarifier : « Le FFS n’a jamais fustigé ceux qui appellent au boycott de ce scrutin». L’ambigüité de la position du FFS au sujet de la présidentielle, telle qu’adoptée par le Conseil national, le 7 mars dernier, paraît, néanmoins, pas du tout facile à décortiquer, en dépit des efforts de la direction du parti à la clarifier. Sinon, quelle explication donner à ce qui s’apparente à une instruction aux militants et sympathisants à ne pas participer à cette élection «sous quelque forme qu’elle soit» ?! Le FFS, refusant ainsi de participer et de s’inscrire dans l’option de boycott prise par d’autres formations politiques, à l’instar du RCD et de trois partis islamistes formant le «franc du boycott », a, par ailleurs, rejeté toutes les lectures qui ont été faites à son sujet depuis qu’il a rendu public sa position. «Nous n’avons de leçons à recevoir de personne au sujet de notre position», a clamé le chargé de la communication du parti de Hocine Ait-Ahmed. Djamel Bahloul, secrétaire national aux relations internationales, a tenu, lui, d’abord à rappeler que « le FFS est cohérent dans ses positions». «Toutes les résolutions s’inscrivent dans la position cohérente du FFS qui appelle à une transition démocratique», a-t-il déclaré à l’ouverture des travaux du Conseil fédéral extraordinaire de Tizi-Ouzou. Cette transition, pour laquelle le vieux parti de l’opposition appelle, «n’exclura personne». «Le FFS prendra tout le temps nécessaire pour la reconstruction du consensus national, même s’il faut, pour cela, aller vers des milliers de rencontres pour y parvenir», expliquera encore Youcef Aouchiche. Celui-ci rappellera également que le parti « travaillera avec tous les acteurs politiques et de la société civile, voir même avec le pouvoir, pour réaliser l’objectif de la reconstruction du consensus national». Le parti d’Ait-Ahmed est prêt à négocier, et «ne rougit pas pour cela», avec le pouvoir pour « parvenir à une solution pérenne de la crise multidimensionnelle qui touche le pays».
M.A.T.