L’artiste révolutionnaire revisité

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Le comité culturel ‘’Farid Ali’’, en collaboration avec la direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, organise, demain et après-demain, deux journées hommage au Moudjahid et artiste révolutionnaire Farid Ali.

à cette occasion, un programme des plus riches a été concocté. Demain, plusieurs activités auront lieu au niveau de la bibliothèque communale de Bounouh, la région natale de l’artiste. Une autre partie du programme se tiendra à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Dans la matinée, un recueillement aura lieu sur la tombe du moudjahid, dans son village natal Ikhelfounène. Et à cet effet, le transport sera assuré par la direction de la culture. Ensuite, des témoignages des proches du défunt et un gala artistique sont prévus. A la maison de la culture du chef-lieu de wilaya, c’est une exposition de photos et de documents d’archives retraçant la vie de l’artiste moudjahid qui sera proposée au public. Le petit théâtre de la dite structure accueillera une chorale qui interprétera des chants patriotiques du répertoire de l’artiste, dont la cultissime ‘’A yemma sbar ur ttru’’ (ô ma mère, patiente et ne pleure pas !). Des conférences sur le parcours du chantre de la chanson révolutionnaire sont également au programme de la matinée de samedi, 22 mars. Farid Ali, de son vrai nom Khelifi Ali, est né le 09 janvier 1919, à Ikhelfounène, dans la commune de Bounouh, daïra de Boghni. En 1935, il quitta son village natal et débarqua à Alger où il exerça le métier de cordonnier. En 1937, il émigre en France, comme de nombreux Algériens, pour y tenter sa chance. C’est au contact des nationalistes de l’émigration, entre autres Mohammed El Kamel, Mohamed El Djamoussi et Amraoui Missoum, qu’il s’imprègnera des idées d’affranchissement du joug colonial. Ces derniers l’encouragent à suivre la voie de la chanson révolutionnaire. Il participe à deux récitals organisés par Mohand Saïd Yala, à la salle Pleyel de Paris, en compagnie de Mohamed El Jamoussi. Dans un café à Boulogne, il noua des amitiés avec le monde artistique. En 1951, suite à un attentat perpétré contre un responsable de l’ORTF, le chanteur fut soupçonné et expulsé de France. L’armée française l’arrêtera, à Bounouh en 1956. Il subit les pires tortures, dans la prison de Draâ El-Mizan. Libéré en 1957, il s’engage dans la lutte pour la libération du pays. Il rejoignit la troupe du FLN, en Tunisie, avec d’autres artistes algériens. La troupe ce produisit dans de nombreux pays comme la Libye, la Chine, l’Egypte, le Maroc et la Yougoslavie, en vue de faire connaître la cause algérienne. Après l’indépendance, il fit de la prison suite à la crise politique de 1964. Il repartit en France, en 1967, et aida de nombreux artistes à sortir de l’anonymat. Il animera l’émission ‘’Chanteurs amateurs’’, sur les ondes de la chaîne 2, en 1976. En plus de sa chanson culte ‘’Ayemma sbar ur ttru’’, reprise par l’autre monstre sacré de la chanson kabyle feu Matoub Lounes, on citera ‘’Amek anili labes’’, ‘’Ulac zhar ulac’’ et ‘’A mis lyurba’’… Admis à l’hôpital de Boghni, Farid Ali rendit l’âme le 19 octobre 1981, à l’âge de 62 ans. Il sera décoré par le président Chadli, à titre posthume, le 5 juillet 1987.

Karima Talis

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