Les terres agricoles menacées par le béton

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Les terres à vocation agricole de la vallée de la Soummam se réduisent comme une peau de chagrin.

Des parcours à haut potentiel agricole sont détournés de leur vocation au profit d’une urbanisation outrancière. Infrastructures routières, équipements publics de base, projets de logements, entre autres, poussent sur des terres sensées contribuer à assurer un équilibre alimentaire, qui devient de plus en plus chimérique. Tazmalt, El Kseur, Akbou, aucune localité ne semble être épargnée par cette déferlante du béton. Dans cette région, quiconque dispose d’un lopin de terrain se découvre subitement une mentalité de flambeur bon teint, en pétrifiant son bien sous des coulées de béton. « Les gens n’ont rien à faire du travail de la terre. Ils préfèrent le commerce et la spéculation, car c’est tellement plus rentable », analyse un commerçant d’Ouzellaguen. À la périphérie de certaines villes comme Akbou et Ighzer Amokrane, des vergers oléicoles légués par de lointains ancêtres sont sacrifiés au profit de dépôts de matériaux de construction. Des oliviers centenaires sont décapités sans état d’âme, afin de faire place aux piles de ciment, aux briques et au rond à béton. « Cette frénésie est apparue il y a une quinzaine d’années. Ce comportement a rapidement essaimé pour contaminer tous les esprits », dira un vieillard de Takariets, cultivant un lopin de terrain à un jet de pierre de la RN26. « Je ne troquerai pas un seul de mes oliviers contre tout l’or du monde. Quand je ne serai plus de ce monde, mes héritiers en feront ce qu’ils voudront », affirmera-t-il. Par ailleurs, des dérives correspondant à des situations d’abandon des exploitations et des locations de terres agricoles, relevant du domaine privé de l’Etat, sont signalées dans certaines localités de la Soummam. « S’il y a des manquements et des détournements de ces terres de leur vocation originelle, la loi s’appliquera », se contentera de déclarer, à ce sujet, un responsable de la direction des services agricoles (DSA). « Les concessionnaires qui n’honorent pas leurs engagements risquent la déchéance du droit d’exploitation », menacera-t-il. Notre interlocuteur se réfère aux nouvelles dispositions de la loi 03/10 du 10 août 2010, amendant celle de 19-87 sur le régime des concessions et le droit de jouissance sur la terre agricole, qui a été ramené de 99 ans à 40 ans avec renouvellement de la concession

  N. Maouche

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