Les redresseurs, ou les mécontents du RCD, conduits par Rabah Boucetta, ont fini par annoncer la réactivation du MPR, (Mouvement pour la République), créé en 1993.
Extirpé du giron de leur désormais ex-parti, le MPR sera, désormais, associé au Mouvement populaire algérien d’Amara Benyounès.
Un ralliement massif au MPA a été opéré avant-hier, par 57 cadres et militants du RCD qui quittent ainsi définitivement cette formation politique. Plusieurs autres militants et sympathisants de la formation de Saïd Sadi, structurés dans une trentaine de wilayas du pays, vont suivre dans les prochaines heures, créant un appel d’air en faveur du parti de Benyounès. « Le MPR va s’inscrire aux côtés du MPA et des autres acteurs avec qui nous partageons les projets », a annoncé avant-hier, Rabah Boucetta, lors d’un point de presse tenu à Alger. Celui-ci, s’exprimant au nom de ses compagnons qui espéraient « remettre le RCD sur sa ligne politique initiale », a clairement fait savoir que cette démarche a été tranchée au terme du débat qui a lieu entre des militants des trente wilayas présentes au congrès, baptisé « congrès de l’alternative démocratique ».
« Face à la disqualification de l’opposition qui s’est inscrite dans des pratiques mafieuses sans éthique, deux choix s’imposent devant notre mouvance qui se trouve éparpillée à l’extérieur des structures classiques : convoquer un congrès des partisans de l’alternative démocratique ou renforcer le segment de notre mouvance à l’intérieur du régime », est-il écrit dans une déclaration remise à la presse. Boucetta et ses compagnons soulignent que « le débat des militants des trente wilayas présentes (au congrès du CNCE, tenu vendredi 21 mars), a tranché en faveur de la seconde option : composer avec nos anciens compagnons de lutte. » Une position qui galvanise, à coup sûr, le MPA et réconforte, on ne peut plus clairement, son secrétaire général qui gagne ainsi en appui et en crédibilité chez ses anciens compagnons qui, par cet acte de ralliement, lui renforce sa conviction de n’avoir pas trahi ses engagements patriotiques et républicains en optant pour la création d’une formation politique. Et c’est ce qui est, justement, écrit dans le communiqué de presse des désormais ex-militants du RCD, qui mettent en valeur « le travail effectué dans le gouvernement, par Amara Benyounès et Khalida Toumi, respectivement, ministres de l’Industrie et de la Culture. Pour Rabah Boucetta et ses camarades, ces deux ministres qui comptent parmi leurs anciens compagnons sont « une fierté du courant démocratique ». Ils citent également El-Hadi Ould-Ali, directeur de la culture à Tizi-Ouzou, « en faveur duquel tous les artistes témoignent ainsi que de la disponibilité de l’Etat à mettre tous les moyens au service de la promotion de la culture ».
«De Saint Egidio à la salle Harcha» !
L’exaspération de ces désormais ex-militants et cadres du RCD a atteint son pic, à en croire leur déclaration de presse, à cause de « cette coalition qui veut plaire au Qatar », née du ralliement de leur ancienne formation politique à une coordination dans laquelle siègent trois partis de la mouvance islamiste. Une coordination qui a été rejointe, dans les gradins de la salle Harcha, par l’ancien n°2 du FIS dissous, non loin duquel était assis l’ancien patron du RCD. « Le glissement politique du parti (le RCD ndlr) s’est engagé dans une dangereuse perspective : un contrat de Rome bis », s’indignent les compagnons de M. Boucetta. Ces derniers expliquent : « De saint Egidio à la salle Harcha, le RCD écrit l’histoire à l’envers, en traversant un fleuve de sang versé par les fidèles du projet républicain, ceux qui ont répondu à l’appel à la résistance. ». Exprimant leur sentiment de regret, mais aussi d’incompréhension, les rédacteurs du communiqué de presse s’interrogent sur ce que sera la réaction de tous ceux qui sont morts pour l’idéal démocratique et républicain : « Si seulement les martyrs de la démocratie pouvaient revenir cette semaine et voir tous ces islamistes conjuguer leurs efforts pour réhabiliter leur projet de société avec la bénédiction de ce démocrate, ‘’jadis éradicateur’’ ? », allusion à Saïd Sadi. Et d’enchaîner : « Ils vont comprendre qu’en plus de leur assassinat, ils sont trahis ! L’insulte de la mémoire des 126 martyrs du parti, la trahison des Tahar Djaout, Matoub Lounès, Smail Yefsah, Rachid Tigziri, Mustapha Bacha, Katia Benguena, et beaucoup d’autres militants, sympathisants et simples citoyens, l’oublie du sacrifice suprême de près de 200 000 victimes nous ont interpellé à agir. »
Pour eux, « c’est plus qu’une exigence » que d’être interpellés par « les martyrs de la démocratie », « c’est une condition sine quoi non de combattre cette coalition malsaine qui veut plaire au Qatar ». Et de porter de graves accusations sur ce qui se trame dans les coulisses de cette « coalition » : « Ce qu’ils n’ont pas réussi à imposer par la terreur et la violence, ils veulent le faire par la grâce du pétrodollar ». A cet effet, précisent-ils encore, « nous appelons toutes les forces patriotiques à se mobiliser pour faire échouer, encore une fois, ce projet diabolique. Et nous saluons l’ensemble du collectif militant du RCD qui n’a pas voulu cautionner la dérive de la direction nationale, en refusant de répondre à l’appel à la trahison des 126 martyrs du parti ».
Réactiver le MPR au profit du MPA
La démarche entreprise, depuis le vendredi 21 mars, par ces anciens militants et cadres du RCD, dont ils disent d’ailleurs qu’ « elle a réussi un seul miracle : l’exclusion de tous ses cadres », a abouti à la réactivation du défunt Mouvement pour la République qui était cher au feu président Mohamed Boudiaf. « Pour toutes ces raisons, nous avons décidé lors de l’assemblée générale constitutive du vendredi 21 mars, la création d’un cadre alternatif au RCD. Une conviction née de l’impasse imposée par les partisans du statu quo. Nous étions contraints à choisir de faire de la politique autrement pour ne pas renter chez nous », expliquent encore ces cadres et militants. Et de préciser que « le cadre idéal imposé par la conjoncture est une structure que nous avons mis en place déjà en 1993 : le Mouvement pour la République (MPR) ». Puis de noter que « le dossier de l’assemblée constitutive sera déposé au ministère de l’Intérieur, au cours de cette semaine ». D’ici là ils affirment que ce Mouvement est d’ores et déjà mis au profit du MPA d’Amara Benyounès et qu’ils soutiennent la candidature d’Abdelaziz Bouteflika.
M.A.T
