Sortie réussie pour Sellal à Tizi-Ouzou

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La ville de Tizi-Ouzou n’a pas sombré dans la violence, hier, à l’occasion du meeting d’Abdelmalek Sellal. 

Celui-ci, qui a eu droit à un bain de foule sur un parcours de quelques dizaines de mètres du lieu du meeting, a été dopé d’euphorie par l’accueil qui contraste avec celui de la veille à Béjaïa.D’aucuns appréhendaient de revoir le scénario de Bejaïa se reproduire à Tizi-Ouzou, à l’occasion du meeting du directeur de campagne du candidat Bouteflika. Il n’en fut rien. Sellal a été accueilli dans une ambiance de fête, en dehors et l’intérieur de la salle de spectacle de la maison de la culture Mouloud Mammeri, où s’est tenu le meeting de près d’une heure. Ceux qui n’ont pu accéder à la salle, faute d’espaces, -ils étaient entre 200 à 300 retardataires-, ont suivi le discours via un écran géant installé sur l’esplanade. Bien que l’événement ait été tenu sous haute tension, palpable en somme depuis la veille, la situation n’a pas viré à contre sens de ce qu’ont promis les organisateurs. Abdelmalek Sellal a pu tenir son meeting, tout jovial. Offensif, Sellal a usé également d’un discours de pardon et de rassemblement. Avant que Sellal ne prenne la parole, c’était au directeur local de campagne pour le candidat Bouteflika de prononcer un mini-discours. El-Hadi Ould-Ali a, d’abord, tenu à présenter son hôte : « Tizi-Ouzou est fière de vous accueillir aujourd’hui (…). Elle vous sait généreux, patriote, pétri de valeurs démocratiques et républicaines. Elle admire votre engagement ». Et de souligner « l’acharnement quasi-meurtrier qui s’organise contre le candidat Abdelaziz Bouteflika (…), inadmissible et dangereux ».  Suite à quoi, Abdelmalek Sellal prit la parole pour répliquer à sa manière : « Bouteflika m’a chargé de saluer la Kabylie, terre d’hommes et de femmes courageuses ». Et d’enchaîner, avec un brin de sourire : « On doit être heureux d’exister, heureux de vivre dans cette Algérie qui continuera à vous sourire, à vous rendre heureux. Nous en avons les moyens. La diversité culturelle, mais aussi les civilisations de chaque région du pays sont un trésor à même de nous permettre de vivre dans le bonheur », dira Sellal. Exalté par une foule qui a rempli la salle de la maison de la culture Mouloud Mammeri, au point où il était très difficile de poser son pied sans risque de piétiner son voisin, le directeur de campagne d’Abdelaziz Bouteflika n’a eu de cesse de clamer l’amazighité du peuple algérien : « Nous sommes des Amazighs, nous sommes des amazighs libres…Nous sommes des musulmans et nous parlons l’arabe », a-t-il ainsi répété devant la foule qui scandait  « Assa, azekka, Bouteflika yella yella ! ». parmi les présents, l’ex star de la JSK des années 1970, Dris Kolli, le champion d’Afrique de boxe, Mohamed Yassa et aussi le célèbre chanteur kabyle, Akli Yahiatène. 

«Notre jeunesse a besoin de développement» 

Abdelmalek Sellal, qui a axé le premier volet de son discours, sur la langue amazighe, a insisté sur la nécessité de la promouvoir encore d’avantage. « Il faut que le Haut conseil à l’amazighité bouge », dira-t-il, comme pour accuser cette instance chargée de la promotion de la langue et la culture amazighe d’avoir sombré dans l’inertie. Et d’appeler à la mise en place d’une Académie berbère pour « mieux promouvoir Tamazight », avant de lancer : « Soyez sûrs, le chemin que nous avons déjà pris pour cela sera poursuivi ». Puis d’avertir, sans nommer qui que se soit, ceux qui « tenteront de se mettre en travers de notre chemin (…). Celui qui entre dans notre espace, nous trouvera en face de lui pour lui brandir un carton rouge ! », dira t-il d’un ton sarcastique.  S’adressant à la masse juvénile qui constituait plus du tiers dans la salle du meeting, l’ancien Premier ministre a indiqué que celle-ci a besoin de projets de développement : « Notre jeunesse a besoin de développement, elle n’a pas besoin d’être prise dans des idées rétrogrades qui ne lui servent à rien. Et croyez moi, c’est le but de Bouteflika que d’offrir à la jeunesse les moyens et le climat pour son épanouissement ».  A ce titre, Sellal rappelle que son candidat a promis de développer le secteur économique productif. « Nous continuerons à encourager les investisseurs à investir encore plus. Nous lèverons les contraintes qui les empêchent de fructifier leurs capitaux. Ils vont doubler leur bénéfices grâce à la nouvelle politique d’investissement que Bouteflika compte adopter s’il est réélu le 17 avril prochain », a-t-il encore annoncé non sans rappeler aux investisseurs le devoir de payer leurs impôts. « Nous continuerons à aider les jeunes dans le cadre des dispositifs de création d’entreprises via l’ANSEJ, la CNAC et l’ANGEM, n’en déplaise à ceux qui nous accusent de jeter de l’argent par la fenêtre… Nos jeunes ont le droit à la rente du pays, non ?! », s’est-il esclaffé. 

«Celui qui m’agresse, je lui tend la joue»

Intelligeant, mais pas naïf,  Sellal ne laisse aucune occasion pour exprimer son pacifisme et sa nature d’essence populaire, pour parler de pardon et de l’impératif d’union entre Algériens, pour contrecarrer ce qu’il qualifie de « tentatives de déstabilisation ». Et c’est à ce propos qu’il est revenu, brièvement, sur les incidents de Béjaïa, l’ayant conduit à annuler son meeting, samedi. « Je salue les citoyens de Béjaïa, je les salue parce qu’ils sont des hommes. Je reconnais en eux une des vaillantes civilisations, gardée jalousement dans cette Algérie si riche par sa diversité culturelle, d’opinion et de civilisation », dira-t-il. Et d’indiquer avec force conviction qu’il est contre la violence. « Celui qui me porta atteinte, j’irais l’embrasser, je lui tendrais ma joue ». A cet instant précis, Sellal a été surpris par l’irruption soudaine du chanteur Akli Yahyaten qui lui a tendu justement la joue et l’a chaleureusement enlacé. « Walagh zine dhi Michelet !», rétorqua Sellal à cet inattendu invité au pupitre. 

« Il ne faut pas se leurrer », a-t-il repris, « l’Algérie a réussi à dépasser plusieurs crises et a réussi à avancer ». 

Puis de rassurer qu’avec le nouveau programme de son candidat, l’Algérie aura, à coup sûr, à se positionner dans les premiers rangs des puissances du pourtour méditerranéen. Mais, avertit-il, « si aujourd’hui, la stabilité du pays sera remise en cause, je vous jure que nous sortirons jamais de la spirale de la violence à laquelle aspirent ceux qui veulent brouiller les cartes et fragiliser le pays. 

Et si, demain, le pays est fragilisé sachez bien que rien ne pourra stopper sa ruine ».  A signaler que des dizaines de manifestants hostile au vote et au quatrième mandat de Bouteflika se sont regroupé à quelques encablures de la salle ou se tenait le meeting, en scandant des slogans contre le pouvoir, avant d’improviser une marche vers le campus Hasnaoua. L’action menée au travers d’un important dispositif sécuritaire s’est terminée dans le calme. 

M. A. T.

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