«Les AVC sont devenus très fréquents»

Partager

La Dépêche de Kabylie : Les accidents vasculaires cérébraux représentent le premier motif d’hospitalisation en neurochirurgie, au CHU de Tizi-Ouzou, cela témoigne de la forte prévalencede cette maladie qui se traite en urgence dans vos services. A quoi cela est-il dû ?

Dr Kamel Zenaïdi : Effectivement, les études faites dans nos services des urgences témoignent de la forte prévalence des AVC que nous redirigeons vers le service de neurologie, où ils constituent le premier motif d’hospitalisation. Il faut savoir que les AVC sont très fréquents et peuvent être responsables de séquelles motrices et neuropsychologiques graves. Ils sont essentiellement dus à des facteurs de risques très connus. Ces facteurs touchent principalement des personnes âgées, sauf que nous avons observé ces dernières années, un accroissement de personnes moins âgées qui en sont touchées. En dépit de l’évolution des technologies et moyens permettant la détection précoce des AVC, ou même des IDM, cela n’a pas contribué outre mesure, à prévenir ce genre d’accidents chez des sujets à risque, notamment ceux atteint d’une hypertension artérielle ou de diabète. Car il faut savoir que ces deux maladies sont à l’origine des 80 à 90% des AVC. Mais que dire des jeunes, pratiquant du sport de haut niveau, qui n’échappent pas, non plus, à un AVC ? La réponse est claire : la plupart des sportifs qui s’effondrent, par exemple, sur la pelouse d’un terrain de football des suites d’un télescopage avec l’adversaire, présentaient déjà un facteur de risque. Il peut s’agir, généralement, d’une malformation cérébrale.

Vous dites que les moyens de détection ont nettement évolué pourquoi alors continuons-nous à enregistrer de plus en plus d’AVC touchant même des sujets jeunes ?

Je dois signaler, d’abord, que la prise en charge des AVC doit-être l’une des priorités de la santé publique. Elle doit être basée essentiellement sur le traitement et la prise en charge des facteurs de risque, en particulier l’hypertension artérielle et les cardiopathies valvulaires. Une surveillance médicale s’impose, afin d’éviter et de limiter le risque de récidive. Et puis, il est impératif pour le malade de maintenir le contact avec l’extérieur, afin d’éviter le risque de désocialisation qui est synonyme d’un repli sur soi très dommageable sur le psychisme de l’individu. Quant à la réponse à votre question, j’ai le regret de dire que, combien même l’Etat algérien à déboursé de l’argent pour équiper les hôpitaux en scanners, il a omis, ou bien si peu fait pour les moyens humains, c’est-à-dire, le médecin radiologue ainsi que le médecin réanimateur qui demeurent deux éléments rares dans nos hôpitaux. Il faut savoir que la prévention et le traitement des AVC, ainsi que des IDM, nécessitent la présence sans faille de ces deux médecins, devant les scanners, pour pouvoir détecter et soigner à temps. Je dois insister pour dire que le manque de radiologues et de réanimateurs augmentent les risques de mortalité des personnes à risques et des personnes atteintes d’un AVC. Faute de leur disponibilité du moins dans le court terme, les personnes à risque qui ne sont pas sans savoir qu’ils sont candidats à un AVC qui peut survenir à n’importe quel moment, doivent s’en tenir aux conseils de leurs médecins traitants, ne pas modifier d’eux-mêmes les médicaments ni les habitudes de prise de ces médicaments et se conformer à une hygiène de vie très stricte. D’ailleurs, plus de 30% des cas d’AVC qui sont admis dans nos services sont ceux qu’on qualifie de malades indisciplinés, et malheureusement, plus d’un tiers ne survivent pas.

Propos recueillis par :M.A.T

Partager