Mahvouva, connu sous le nom de «village socialiste», est un ensemble de bâtisses construites à l’époque de Boumediène, dans le cadre de son programme volontariste des mille villages.
C’est une cité qui se trouve aujourd’hui à l’agonie, tant la dépravation est l’usure ont fait des ravages sur l’ensemble des constructions encore debout. Inauguré pompeusement, dans le cadre de la fameuse révolution agraire, par les responsables de la commune de Timizart de l’époque, il était présenté comme un fleuron de la réussite de la politique de développement rural, à l’instar de tous les autres villages socialistes, construits dans le cadre de ce programme, un peu partout en Kabylie et ailleurs. La particularité de ces agglomérations est l’uniformité des maisons, qui ont toutes le même aspect et qui sont placées sans aucun goût les unes à côté des autres, autour d’une placette où trône une mosquée à l’architecture douteuse et un hangar appelé exagérément « maison de jeune » ! Mahvouva, justement, n’a pas échappé à cette règle puisque, mis à part ce qui vient d’être cité rien n’indique, à son niveau, qu’une vie quelconque se déroule au gré des besoins de ses habitants. A cette situation désastreuse que subissent stoïquement ses occupants, sont venus se greffer les effets du temps. La dégradation, qui ne rate rien lorsqu’elle s’invite, a profité de la négligence des différents responsables locaux, tant au niveau de la daïra d’Ouaguenoun que de l’APC de Timizart, pour imposer sa loi et mener la cité vers un état d’érosion avancé. La décomposition du lieu est visible à l’œil nu, tant les chaussées sont défoncées, les murs des maisons envahis par des fissures et les trottoirs délabrés. Quiconque visite le village est frappé par l’accumulation des immondices qui donnent un aperçu sur l’état de l’hygiène qui prévaut sur les lieux. Les mauvaises herbes dominent les passages et envahissent la chaussée par endroits, ce qui renseigne sur le peu d’entretien dont souffre ce village. Des gravats de constructions détruites sont déposés pêle-mêle aux angles des rues et autres espaces de la cité à l’image de l’arrière-cour de l’école primaire, implantée un peu plus haut du village, où l’on peut voir les remblais des constructions détruites, amas incongrus d’où sortent des barres de fer rouillées qui risquent à tout moment de blesser les élèves de « cet établissement » !
Pourtant, le village de Mahvouva occupe une zone vitale dans la région, puisqu’il est situé au bord du CW 174 qui relie Souk-El-Had à Tikobaine, chef-lieu de la daïra d’ Ouaguenoun, à laquelle est rattachée la commune de Timizart. De fait, il constitue un passage obligé pour quiconque voudrait rejoindre le siège de la daïra. Cela aurait dû suffire pour donner toutes ses chances à ce village ; il aurait pu être une zone de transit, de commerces et d’échanges, pour le plus grand bonheur de ses habitants, mais aussi l’ensemble de toute la circonscription administrative à laquelle il se trouve rattaché. Hélas ! Il n’en fut rien. Ceux qui ont eu à gérer les affaires publiques de la commune ont négligé totalement ce volet, par absence de vision et d’anticipation. Pires, ces responsables ont complètement oublié que le temps ne pardonne pas et que la nature a horreur du vide. Faute d’ambitions, du lustre passé de cette cité il ne reste que le souvenir. Oublié ce village agonisant ne cesse de mourir à petit feu, au grand dam de ses habitants. A quand un sursaut à même de le réhabiliter ? C’est la question que ne cessent de se poser, à ce jour, ses nombreux habitants.
Ait Slimane Hamid