Le peuple a-t-il encore mal voté ?

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  Par Idir Benyounès

Le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales a, dans une conférence de presse, donné les résultats (non définitifs)  de l’élection présidentielle. Ainsi, Abdelaziz Bouteflika est arrivé largement en tête. Cette élection présidentielle a été singulière à bien des égards. Beaucoup d’algériens ont senti un danger planer sur le pays et ont, de ce fait, réagi par leurs bulletins de vote. Il est évident que les plus malmenés durant cette campagne a été le candidat Abdelaziz Bouteflika et certaines institutions du pays. Tout a été expérimenté et tenté afin d’empêcher la candidature même de Bouteflika. Dès le premier jour de sa maladie, et ce, en dépit de l’effort en communication de la présidence de la République, des voix se sont élevées pour s’offusquer et condamner le fait qu’un être humain tombe malade. Et voilà quelques heures à peine après la nouvelle, certains brandissaient l’article 88 de la Constitution pour destituer le président. Pis encore, de piètres hommes politiques et des militants de la 25ème heure, se sont érigés en professeurs de médecine pour balancer des diagnostics sur la maladie du président et conclure par son incapacité à gouverner. L’état de santé de Bouteflika s’améliorant, ces « médecins » se reconvertissent très vite en spécialistes en géopolitique et apprentis sorciers en appelant l’Armée nationale populaire à intervenir et à démettre Bouteflika de ses fonctions. Des personnalités, des partis, des militaires en retraite appellent ouvertement l’armée à organiser un coup d’Etat. Ni plus ni moins… en 2014. L’ANP, par sa voix la plus autorisée, oppose un niet catégorique à ces appels et affirme, par la même occasion, l’unité de ces différentes structures et services. « Déçus » par la position ferme de l’ANP, nos « opposants » parient sur l’incapacité de Bouteflika à présenter sa candidature devant le Conseil constitutionnel. Quelle fut leur déception de le voir arriver, lui-même, et déposer sa candidature avec une déclaration de circonstance. Ils n’ont plus le choix, ils doivent faire campagne contre lui. Et cette campagne a été des plus féroces, et a cristallisé la déception, la méchanceté des aigris et des mécontents. Tous les meetings chahutés ont été ceux du camp Bouteflika. Aucun autre candidat n’a subi les agressions, les insultes et les dépassements qu’ont connus les représentants de Bouteflika. Une jonction contre-nature sans précédent, s’est révélée au grand jour. Ainsi, des partisans d’un candidat, en compagnie de militants d’un parti démocrate qui a appelé au boycott, aux côtés de militants de l’ex-FIS, se sont donnés la main pour tenter d’empêcher ou de chahuter les meetings des pro-Bouteflika. On a vu l’apparition soudaine d’un mouvement se proclamant de la société civile et non partisan, animé et dirigé par des militants politiques bien connus. De l’autre côté les partisans du candidat Bouteflika n’ont eu de cesse de répéter que le seul à pouvoir décider, le 17 avril, sera le peuple algérien, et ce, par la voie des urnes. Cette sérénité et confiance en le peuple algérien semblent avoir payé aujourd’hui. Le peuple s’est exprimé. Que ceux qui ont voulu se poser en tuteurs revoient leurs plans et acceptent le verdict des urnes, et préparent les prochaines échéances électorales pour tenter de convaincre les Algériens.                              

I. Ben.

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