Saadani-redresseurs : Fin de trêve

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Moins d’une semaine après la victoire éclatante du président Abdelaziz Bouteflika à l’élection présidentielle, le SG du FLN, Amar Sadani semble vouloir  prendre le taureau  par les cornes pour glaner les dividendes de son « soutien  inconditionnel » au président élu. Or, la situation n’est guère à son avantage. Les redresseurs ne désespèrent pas de le déloger de son poste.  Pour prendre ses devants face au danger qui le guète, et contre toute attente, il  a convoqué avant-hier,  une réunion du Bureau politique du FLN, au siège du parti, à Hydra, pour,  semble-t-il,faire l’évaluation de l’élection présidentielle, mais c’est surtout pour s’intéresser de près aux agissements de ses opposants, menés par Abderahmane Belayat. Concernant le premier point de la réunion, rien de nouveau n’est venu s’ajouter à ce qu’il avait déjà déclaré lors de sa conférence de presse, tenue quelques heures après  la promulgation des résultats par le ministre de l’Intérieur Tayeb Belaiz, en ce sens il a uniquement réitéré  son appréciation du déroulement du scrutin qui, selon lui, « s’est déroulé dans la transparence et dans un cadre démocratique ». Mais, c’est surtout le second point de l’ordre du jour qui comporte de la nouveauté. En effet,  Amar Saadani a décidé de  convoquer  la commission de discipline, qui devra se pencher sur l’attitude du clan des redresseurs que Saadani  accuse d’avoir  mené une action politique parallèle à celle du parti, lors de la campagne électorale. Ce qui, pour le responsable du FLN,  constituerait une ingérence dans les affaires du parti. Pour cette raison, instruction a été donnée aux membres de la commission de discipline d’établir  la liste des membres du groupe Belayat et d’examiner individuellement leur cas pour prendre des sanctions à leur encontre. Par ce procédé Saadani espère en finir avec l’attitude du groupe de  Belayat qui, selon lui, risque des sanctions sévères allant jusqu’à l’exclusion définitive des rangs du parti pour les plus « virulents » et le gel de leur appartenance au FLN pour les moins actifs. Or, seule une mauvaise appréciation du poids et de l’obstination des redresseurs pourrait laisser entrevoir un tel scénario. Contacté hier par téléphone, Abderrahmane Belayat ne donnait pas l’impression d’être inquiété ou de vouloir cesser de poursuivre sa campagne pour mettre  « hors d’état de nuire » l’actuel SG du FLN. Bien au contraire, il a affirmé qu’après cette trêve électorale, à l’issue de laquelle Abdelaziz Bouteflika a été réélu par une majorité écrasante, l’heure est venue de  faire comprendre à Saadani que, non seulement il est assis sur un siège éjectable, mais aussi qu’il a tout intérêt à se préparer à partir. ». Pour le coordinateur du FLN, le quota de signatures nécessaires est largement dépassé pour provoquer une réunion du CC, laquelle tranchera définitivement sur l’action devant le « détrôner ». De plus, Belayat a affirmé que « l’actuel SG qui  traine beaucoup de casseroles ne doit pas continuer à ternir l’image du FLN ». Aussi, si une trêve a été officieusement décrétée pour permettre aux uns et aux autres de mener campagne en faveur du président Abdelaziz Bouteflika,  l’heure est venue pour Belayat de relancer l’objectif de destitution de Saadani de son poste. En matière d’arguments à faire valoir pour tourner la page Saadani, les redresseurs semblent bien nantis : si dans les coulisses ça  bataille fort et que chacun essaie de prendre des points et une avance sur l’autre, en revanche, il semble qu’il ne reste à Saâdani que les mouhafedhs comme principaux soutiens et, dans une certaine mesure, les membres du BP qu’il avait lui-même choisi et qui, de fait,  lui sont donc redevables. Pour les membres du CC, la majorité a déjà pris le large et opté pour le camp de Belayat.

Ferhat Zafane

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