La langue de Matoub à l’écran

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La sixième édition du Festival international du film amazigh aura lieu à partir du 26 décembre 2005 à Ghardaïa. Tout est fin prêt pour que la capitale des M’zab accueille cet événement culturel, le plus important dans le domaine amazigh. Mercredi dernier, une équipe du Haut commissariat à l’Amazighité (HCA), principal organisateur, s’est déplacé à Ghardaïa, afin d’apporter les dernières retouches en matière de préparatifs sur place. L’événement s’annonce grandiose, au vu de l’implication d’un nombre important de partenaires. Le commissaire de ce Festival animera au milieu de cette semaine, une conférence de presse au siège de la Bibliothèque nationale du Hamma. Il fera part de toutes les données inhérentes au Festival et une documentation de vingt-quatre pages sera remise aux journalistes. Cette sixième édition est organisée sous le haut patronage du président de la République, par le HCA et la Bibliothèque nationale d’Algérie, avec le concours du ministère de la Culture, la wilaya de Ghardaïa, le service de la Coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France en Algérie, le Centre national de Cinématographie et de l’audiovisuel et enfin la Cinémathèque algérienne. Une vingtaine d’entreprises et de médias assurent le sponsoring de ce Festival. Selon les organisateurs, cette année verra la participation de nombreux pays étrangers comme l’Irlande, la France, la Tunisie et le Maroc… Ainsi que chaque année, la majorité des films et documentaires présentés, sont réalisés par des amateurs, dont la grande partie est représentée par des mordus de la caméra dans la région de Kabylie. Pour cette année, le HCA a imposé le sous-titrage des films soit en français ou en arabe, pour permettre aux Arabes et aux étrangers de suivre convenablement les différentes projections.De grands efforts ont été fournis par les organisateurs de la Direction de la promotion culturelle du HCA, afin d’améliorer chaque nouvelle édition. C’est ainsi que l’édition 2004, à Annaba, a été de loin la meilleure par rapport aux précédentes avec entre autres, l’édition quotidienne d’un journal du Festival, mais aussi et surtout la présence de nombreux invités de marque. Le seul point noir ayant marqué la 5e édition, était la présence dans le jury de membres, ne comprenant pas la langue kabyle. Il semblerait que ce problème soit réglé pour cette année.Dommage que l’absence de produits cinématographiques de qualité, diminue un peu de la dimension du Festival. En effet, en dépit des avancées politiques de la question identitaire amazighe, la production en cinéma reste très pauvre et le peu qui existe est le fait d’amateurs, dont la majorité n’a pas bénéficié de formation en la matière. En plus, les films seront réalisés avec des moyens matériels dérisoires où les équipes de tournage se réduisent souvent à deux personnes, quand ce n’est pas une seule. Les longs métrages en tamazight réalisés dans les normes et dans les règles de l’art, se comptent sur le bout des doigts : “La colline oubliée”, “La Montagne de Baya”, “Machahou” et “Si Mohand, l’insoumis”. Le reste des productions a toutefois le mérite d’exister et c’est le temps et le public, qui finiront par séparer le bon grain de l’ivraie. Aux organisateurs du HCA reviendra le grand mérite d’avoir donné à la langue chère à Matoub Lounès, son Festival du film.

Aomar Mohellebi

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