Les accotements de la RN26 qui s’étend de Béjaïa à Tazmalt, traversant beaucoup de villes, sont devenus un lieu propice pour le commerce informel des fruits et légumes.
Des baraques bien érigées y sont devenues permanentes, auxquelles s’ajoutent des marchands ambulants qui font que le commerce est florissant sur cette route à grande circulation, où la totalité de la clientèle n’est autre que des passants en voiture qui s’arrêtent pour faire leurs emplettes. Le marché le plus important se trouve à l’entrée de la ville de Tazmalt où des dizaines de marchands ambulants s’installent dès les premières lueurs du jour jusqu’à la fin de l’après-midi. Un endroit réputé dont les commerçants ont pris une attitude d’attirer les passants par leur manière d’exposer les produits et les prix pratiqués qui défient toute concurrence. Mais attention aux commerçants indélicats qui baissent les prix pour aguicher les clients. La technique est simple, ils diminuent le poids en déréglant la balance. « La dernière fois que j’ai acheté des pommes de terre ici, j’ai été arnaqué. Pourtant, j’ai bien surveillé la balance qui a affiché 10 kg. Mais en arrivant chez moi, mon fils a douté qu’il y ait 10 kg dans le sac. En le pesant, on a trouvé malheureusement, que 8 kg », a expliqué un client. Il faut dire aussi que le chômage des jeunes dont la plupart par manque de métier s’oriente vers l’ANSEJ pour l’acquisition d’un camion de transport. Une fois acquis, le jeune va grossir les rangs des commerces ambulants qui jonchent les accotements de cette route. Le manque de marchés ouverts toute la semaine dans les villes fait aussi que beaucoup de citoyens ciblent ces commerces de route pour leurs approvisionnements en fruits et légumes. A voir ce commerce informel comment il rayonne avec l’arrivée de nouveaux marchants ambulants, on peut conclure que les deux parties trouvent leur compte. Les marchants pour la plupart n’ont pas de registre de commerce. Donc, ils ne payent ni l’assurance sociale, ni impôts, ni loyer et ne font pas de crédit aussi en se faisant payer rubis sur ongle. Ces avantages leurs permettent aisément de diminuer les prix. De leur côté les clients qui remplissent le panier sont sûrs de gagner aussi un peu d’argent par rapport au commerçant du coin. S’agissant des intervenants qui opèrent sur cette route, on parle même de gros commerçants qui écument les routes à grande circulation. Par exemple, un commerçant qui détient le monopole sur un produit donné comme la banane, installe des jeunes sur une distance donnée et à intervalle régulier qu’il approvisionne en faisant des allers et retours sur le tronçon avec un camion chargé de ce produit. Quand l’été arrive, un commerce de produits du terroir comme les figues fraîches et les figues de barbarie s’installe sur cette route de vacances, notamment du côté de Sidi Aïch. En tout cas, le commerce sur les accotements de route n’est pas propre à la Kabylie. Il se pratique un peu partout et il est facile à deviner qu’il est exercé généralement, par des chômeurs à la quête d’activité temporaire. Le jeune s’oriente vers ce créneau en attendant de trouver un emploi fixe qui lui garantirait une ressource permanente. En plus, un jeune qui s’endette en achetant un petit camion par le biais de l’ANSEJ, quand il n’a pas les moyens d’ouvrir un commerce fixe qui nécessite un capital de départ, se laissera aller vers la débrouillardise. La grande route lui offre un terrain fécond pour concrétiser son projet. Certes ce créneau porteur rayonne, mais il se pratique dans une certaine anarchie et échappe au contrôle de l’Etat.
L. Beddar