Avant l’indépendance, la subéraie algérienne avec une surface de 400 à 450 000 hectares comptait parmi les trois meilleurs producteurs de liège au monde. Aujourd’hui, déplore Ali Mahmoudi, conservateur des forêts de la wilaya de Béjaïa, « elle ne compte que quelques 250 000 hectares ». Selon lui, l’espèce chêne liège n’existe pas partout dans le monde. Elle ne pousse que dans le bassin méditerranéen : Au Portugal, en Espagne, au Maroc, en Algérie et accessoirement en France. C’est une espèce très fragile et les incendies sont pour le chêne liège un véritable fléau. Quand le liège brûle juste après le démasclage, c’est-à-dire juste après la levée du liège, il meurt. Mais quand il brûle tout en étant couvert de son liège, on peut dire que l’arbre est protégé. Et là il rejette en ce sens qu’il reprend, mais la qualité du liège est dépréciée. Au lieu d’avoir un liège de reproduction de qualité on a un liège de reproduction flambé dont la valeur est diminuée ou au lieu d’avoir un liège mâle sain, on a un liège mâle flambé dont la valeur économique est réduite. Il faut dire que c’est une espèce très sensible et dont il faut respecter la période de démasclage, c’est-à-dire de récolte. Après avoir procédé aux tests de levée, c’est-à-dire quand l’écorce se décolle facilement du bois, on confie le travail à un professionnel qui ne blesse pas le bois. En ce qui concerne la wilaya de Béjaïa, la récolte commence en juin et s’achève à l’arrivée des premières pluies en septembre ou en octobre parce qu’en ce moment-là le liège commence à se resserrer sur le bois et on n’arrête pas le démasclage, sinon on risque de tuer l’arbre. Quand la récolte des canons de liège est terminée, les forestiers procèdent au toilettage des arbres pour leur permettre une reprise régulière. L’intervention sur les arbres ou la levée du liège d’un arbre se fait, explique notre interlocuteur, « après une révolution », c’est-à-dire après une période de 9 à 12 ans, selon la richesse de l’endroit et à ce moment-là le liège aura atteint une épaisseur minimum de 3 centimètres. Ce qui permet de produire un bon bouchon pour une bouteille. Abordant le côté utilisation du liège, le conservateur des forêts précise que le liège sert à beaucoup de choses et les débouchés en sont très nombreux. « Il sert, notamment dans l’industrie de la chaussure pour les semelles orthopédiques, dans la fabrication de bouchons pour des bouteilles de vins de qualité et il est aussi très recherché pour l’isolation et l’étanchéité des immeubles », expliquera-t-il.
B. Mouhoub