À moins d'un mois de l'examen du Bac, les candidats se démènent dans tous les sens pour combler leurs lacunes.
Pour décrocher le sésame, tous les moyens sont bons. Ainsi, en dépit des menaces du ministre de l’Education à l’encontre des enseignants qui dispensent des cours de soutien lucrativement, en dehors des établissements scolaires, il nous est donnée de constater que cette activité n’a pas cessé. Les cours sont dispensés même dans des garages loués à cet effet. Et ce ne sont pas les demandeurs qui manquent, d’autant plus que cette année scolaire a été perturbée et que les cours de rattrapage ont été donnés de manière aléatoire dans les établissements. » L’essentiel pour les enseignants est de rattraper les heures perdues. Peu importe la manière avec laquelle ils le font. Les cours nous sont dispensés trop vite. Au lieu de nous donner des exercices d’application, nous les entendons toujours nous redire qu’une révision générale sera faite à la fin de l’année. Malheureusement, faute de temps, nous avons eu droit qu’à des polycopies. De toute façon, c’est ce que font tous les professeurs à l’échelle nationale. Ce n’est pas spécifique à notre région », nous dira un lycéen, qui était avec un groupe de camarades attendant devant un garage fermé leur tour, parce que d’autres étaient déjà à l’intérieur. Et à un autre de prendre la parole: » Vous savez, cela fait maintenant plus de dix ans que les candidats vivent ce stress de fin d’année. De plus, depuis que le Bac est organisé avant le BEM, juste au début du mois de juin, l’année scolaire est close à la mi-avril. Ce mercredi, c’est la fin du troisième trimestre qui a duré moins d’un mois ». A quelques jours de la fermeture des lycées, les élèves de troisième année secondaire s’organisent tout de même pour affronter ce défi qu’est le Bac. » Nous nous sommes entendus pour travailler en groupe. C’est plus efficace que de réviser tout seul. Juste après les compositions, nous commencerons les révisions collectives, sans pour autant abandonner les cours particuliers. C’est l’étape la plus cruciale de notre cursus scolaire », ajoute un autre intervenant. Si certains élèves moyens attendaient qu’une chance leur soit donnée par la tutelle en organisant une session de rattrapage, cet espoir s’éloigne de plus en plus quand on entend qu’une réflexion sera engagée dans ce sens mais seulement à partir de 2015, et qui ne touchera que ceux qui auront une moyenne entre 9,5 et 9,99/20. » Nous avons cru que cette mesure sera prise pour cette année, mais finalement, ce n’est pas vrai. Il faudrait tout de même mettre un terme à tous ces mouvements de grève devenus récurrents chaque année. Que des solutions soient trouvées à ces problèmes afin que nos camarades des classes inférieures, qui arriveront après nous, étudient dans la sérénité », ne cesse de répéter un autre candidat, visiblement affecté par les grèves répétitives de ces dernières années. D’autre part, il faudra aussi saluer les efforts des associations dans l’accompagnement de ces catégories d’élèves dans leurs études. » C’est devenu une habitude chez nous. Nous avons des jeunes licenciés et ingénieurs qui s’occupent des élèves des classes d’examen. Ils leur dispensent gracieusement des cours de soutien au niveau de notre association », nous confie un membre du comité du village Laâziv N’Cheikh à Ain Zaouïa. Il faut dire, aussi, qu’aussi bien les candidats que leurs parents subissent cette pression, depuis que le ministère opte pour les seuils dans les programmes. » Après la grève des enseignants, qui a duré plus de trois semaines, les élèves ont aussi enclenché leur mouvement, pour deux, voire trois, semaines, afin d’exiger de la tutelle de procéder à une limitation des cours. Une anarchie s’en est suivie dans le rattrapage des cours perdus. Il y eut, ensuite satisfaction chez les professeurs, mais une grande déception chez les élèves. La fin de l’année scolaire est là et c’est encore le flou. De notre côté nous dépensons beaucoup d’argent pour leur payer des cours de soutien. À quand une réforme qui arrangera toutes les parties? », s’interroge ce parent d’élève.
Amar Ouramdane

