Des familles syriennes écument les rues de Tizi-Ouzou

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Une vingtaine de familles syriennes écument les rues et ronds-points principaux de la ville de Tizi-Ouzou pour quémander charité. Les autorités locales, leur ayant aménagé depuis près d’un an un site d’accueil à Boukhalfa, se retrouvent désemparées, mais n’envisagent pas d’user de la force à leur encontre. Des réfugiés syriens, qui ont fui la guerre civile qui ravage leur pays, depuis plus de trois ans, ont envahi, ces derniers jours, les principaux boulevards et les ronds-points stratégiques de la nouvelle-ville et du centre-ville de Tizi-Ouzou. Ils agissent essentiellement aux heures de pointe, en fin de matinée et en fin d’après-midi, pour demander charité. Accompagnées de leurs enfants qui sont quasiment en bas âges, ces familles qui louent des garages, dans la nouvelle-ville et la haute ville, qu’elles transforment en habitations de fortune, refusent de rejoindre le centre d’accueil aménagé par les autorités de la wilaya à leur profit. «Ces familles, au nombre d’une vingtaine, ont refusé de se sédentariser dans ce centre. Elles veulent se sentir libres de leurs mouvements», nous a indiqué hier, une source des services de sécurité. Celle-ci affirme que la sécurité de ces familles est néanmoins garantie, mais avoue l’impuissance des autorités civiles à les inciter à camper dans le centre : «Elles préfèrent demander la charité pour bien nourrir leurs enfants, plutôt que de rester cloitrées dans ce centre, même si les autorités locales leur ont garanti les couverts. Je pense que ces Syriens sont friands de belles choses qu’ils aiment procurer à leurs enfants, c’est pour cette raison qu’ils préfèrent quémander plutôt que de se confiner en un endroit qui ne propose que de la soupe populaire », estime encore notre interlocuteur. Celui-ci a, par ailleurs, fait savoir que la seule crainte des autorités civiles et sécuritaires de la wilaya réside dans la sûreté des enfants de ces familles. «Nous redoutons que les enfants ne fassent l’objet de kidnappings, sans oublier qu’ils sont exposés aux dangers de la route, puisque les parents ne les retiennent pas près de chez eux lors de leurs sorties dans les boulevards et les ronds-points», dit-il encore. En effet, force est de constater que sur le boulevard des frères Belhadj, notamment au carrefour dit «le fleuriste», deux ou trois familles, composées des pères, des épouses et des enfants, surgissent à des heures de pointe, à midi, puis à partir de 15 h, interpellant les automobilistes pour un sou de charité. Ils ne tendent pas seulement leurs mains nues, puisqu’ils proposent ainsi des objets à acheter, telles que des mouchoirs en papier ou des couches-bébés, ils s’exposent, à vrai dire, à de réels dangers de la route. Même scène au niveau du carrefour «le jet d’eau», près du Musée de la ville, (ancienne mairie), où les enfants syriens n’hésitent pas à se mettre en travers de la trajectoire des voitures pour proposer leurs objets à la vente. A vrai dire, s’ils tendent ces effets à acheter, c’est pour attirer l’attention. D’ailleurs, la plupart des automobilistes concèdent quelques dinars sans contre-partie : «je sais que ces Syriens font de la charité même s’ils sont ingénieux en nous proposant tel ou tel produit à acheter, et si je leur donne de l’argent, je ne prends jamais les produits proposés», nous dira un citoyen de la ville. Pour ce citoyen, ce qui suscite en lui la colère, c’est le fait que des enfants en bas âges soient impliqués, dangereusement, dans cette besogne qui n’est pas sans risque : «les parents doivent avoir un sens des responsabilités envers leurs enfants, l’Etat aussi doit intervenir, ne serait-ce que pour les protéger. Quant au fait que ces réfugiés de guerre pullulent dans nos rues pour demander de la charité il y beaucoup à dire sur le rôle de l’Etat», croit savoir un autre citoyen. «Ces familles aiment vivre leur liberté et choisir d’elles-mêmes ce qu’elles veulent manger et porter comme habits, c’est pour cette raison qu’elles refusent de rejoindre le centre de Boukhalfa, en dépit des tentatives pour les y obliger. Et, à chacune de nos interventions, avec celles des autorités civiles, pour les remettre au centre, elles quittent carrément la wilaya pour une autre destination. C’est ce qui complique notre travail de recensement et de localisation», témoigne un officier de la police. Celui-ci relativise, néanmoins, en indiquant que «si nous avons toléré qu’elles aient loué des garages pour y habiter, c’est pour mieux les localiser et les sécuriser, puisque les remettre au centre s’avère une opération inutile», ajoute-il.

M.A.T

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