Le scoutisme a-t-il encore un sens, aujourd’hui ? Séduit-il et mobilise-t-il autant dans un monde éclaté où les valeurs et les discours qui s’y adossent n’ont plus la même résonance, le même pouvoir fédérateur? L’adjoint commissaire des scouts de Bouira, Kamel Saâda, que nous avons rencontré hier, ne l’entend pas de cette oreille. Pour lui, le jeune scout a toute sa place dans la société car le volontariat et le secourisme, qui sont au centre de ses activités, conservent toute leur importance face à la détresse humaine visible à tous les échelons de la société.
Le geste bénévole
Dans l’après-midi de jeudi dernier, des garçons et des filles, certains en leurs tenues spéciales de scout, d’autres ayant seulement le foulard roulé autour du cou, ont nettoyé les allées de la forêt Errich et collecté les déchets qui jonchaient les lieux. Durant la journée du vendredi, ils se sont rendus à Tikjda, ce haut lieu du tourisme de la wilaya, destination prisée des étrangers et des hommes d’affaires. Les sachets en plastique, les bouteilles, les canettes de bière, les papiers abandonnés lors de pique-niques ont fait l’objet d’une chasse systématique des deux cents jeunes répartis en quatre catégories : les lionceaux (7 et 11 ans), les éclaireurs (12 et 14 ans), les éclaireurs avancés (15 et 17 ans) et les scouts (18 et 21). Avant-hier, ils sont retournés à Errich pour effectuer la même opération de nettoyage. Ils y sont souvent, car ils ont un centre en cours de réalisation en cet endroit. Il arrive que dans une opération comme celle de ce vendredi qui nécessite plus de bras, les scouts de Bouira reçoivent en renforts d’autres scouts venant des autres communes. Ce sont les directions de l’éducation, de la jeunesse et des sports ou de la formation professionnelle qui mettent qui s’occupe de l’hébergement de ces jeunes. Ils accueillent également trois ou quatre jours des scouts venant d’autres wilayas. En plus de ces opérations de nettoyage et de ramassages des déchets, ils font également des reboisements, des excursions en forêts pour faire connaître le patrimoine forestier et les sites touristiques et historiques de la wilaya. Ils prennent part à tous les évènements locaux ou nationaux, notamment culturels. La formation occupe une grande partie du temps des jeunes scouts. Ils lisent, s’informent, échangent des idées et des points de vue, font des recherches, apprennent des chants, récitent des poèmes, jouent des pièces théâtrales. Bref, ils apprennent tout ce qu’un jeune scout doit savoir pour faire face à toutes les situations de la vie.
…Et celui qui sauve !
Le scout apprend à être utile à lui-même ainsi qu’à autrui. Et pour cela, il doit apprendre des tas de choses indispensables comme, par exemple, comment réagir face à une morsure de serpent, à une fracture du bras ou de la jambe, à une électrocution, à une hémorragie, lors d’une noyade, d’un incendie, d’un accident de la route,… C’est dans cette optique que s’inscrit l’expérience acquise auprès des scouts français en août 2012. Les scouts musulmans algériens de la wilaya de Bouira ont passé une dizaine de jours à Marseille. Ils ont appris, sur le terrain, des techniques qui leur permettront de lutter contre les incendies. Cet écosystème unique au monde par la richesse de sa faune et de sa flore pose de sérieux problèmes pour sa préservation et son développement en raison de l’action néfaste du feu, mais également du fait de l’homme, toujours à la recherche constante de nouvelles friches pour agrandir ses pâturages. Depuis leur retour à Bouira, les jeunes scouts réfléchissent au moyen de mettre leur nouvelle expérience au service de l’environnement et sa protection. « Nous travaillons en étroite collaboration avec la direction de l’environnement », souligne à ce sujet notre interlocuteur. Cette année, pour consolider et capitaliser cette expérience, le commissaire des scouts de Bouira se prépare à recevoir les scouts marseillais. Le champ d’expérience sera naturellement Tikjda. De nombreuses attestations obtenues à l’échelle nationale ou internationale témoignent des différentes actions engagées sur le terrain par les jeunes scouts.
Aziz Bey