Nadia Ait Hamouda fait partie de cette race de femmes qui ont l’art dans les veines.
Autodidacte n’ayant pu suivre de grandes études, elle a pu persévérer dans l’art plastique en commençant à dessiner de petites œuvres, notamment des portraits, dont ceux de Cheikh Aheddad et du Chahid Amirouche, tout récemment. Elle créa l’association locale de la femme artiste dont elle était élue présidente et qui regroupe des professionnels de l’art. Elle a aussi créé une école d’art plastiques, qui a organisé vendredi 02 mai, une journée portes ouvertes sur les arts plastiques, à Boufertassen dans la ville de Seddouk, avec en prime un concours de sélection de 30 élèves qui suivront une formation de haut niveau dans les arts picturaux. C’est durant cette manifestation que nous l’avons rencontrée.
La Dépêche de Kabylie : Comment êtes-vous venue au monde de l’art ?
Nadia Ait Hamouda : Dès mon jeune âge, j’aimais dessiner, mais c’est adolescente que j’ai découvert que cet art est dans mes veines et ne pouvait plus se séparer de moi. Etant mère de famille, je consacrais mon temps libre à dessiner de petites choses qui plaisaient aux gens. Un jour, on m’a demandé de faire un portrait de Cheikh Belhaddad, dont on n’a aucune photographie. A l’aide de quelques signalements, j’ai pu dessiner un portrait que beaucoup d’auteurs ont mis sur la jaquette de leurs livres traitant de l’histoire de ce personnage. Et c’est comme ça que ma carrière a débuté dans l’art plastique. Je dirai aussi que c’est grâce à mon mari, qui m’a soutenue et beaucoup aidée dans mon métier. Je veux aussi ajouter que l’art n’est pas l’apanage des gens lettrés, il peut parfois être un don de Dieu. Je parle, bien sûr, de mon cas, moi qui suis autodidacte.
Avez-vous participé à des expositions locales, nationales ou internationales ?
Ce sont justement les expositions qui font connaître l’artiste au public. J’ai participé à plusieurs expositions, à l’échelle locale et nationale, et en 2013, j’ai traversé la Méditerranée pour exposer au Centre culturel Algérien de Paris, où j’ai découvert la place grandiose qu’ont les arts plastiques dans le monde. Je peux qualifier l’art, en général, de trait d’union entre les peuples. J’ai été récompensée, en 2009, par la wilaya de Béjaia, qui m’a honoré à l’occasion de la journée de l’artiste.
Comment vous est venue l’idée de créer une école d’arts plastiques à Seddouk ?
D’abord, j’ai constaté un vide culturel à Seddouk, notamment pour les jeunes enfants qui pouvaient facilement devenir la proie de divers fléaux sociaux qui les guettent à chaque coin de rue. Ce manque de loisirs artistiques conduit à l’oisiveté la mère de tous les vices. Alors, j’ai décidé de créer cette école, ouverte en 2011, pour justement apprendre l’art aux jeunes enfants afin qu’ils n’aient pas le temps d’aller vers les fléaux. J’ai été impressionnée par le nombre de jeunes talents que renferme notre commune et qui ne demandaient qu’à s’affirmer. Je ne me suis pas arrêtée à la création de l’école, j’ai aussi créé l’association locale de la femme artiste dont je suis la présidente. Nous avons, aujourd’hui, 116 adhérentes.
Quel est le but de ces portes ouvertes ?
C’est une rencontre qui regroupe les écoliers et leurs parents, et ouverte aussi au public, pour s’enquérir de notre travail et des aptitudes des apprenants. J’en ai profité aussi, pour organiser un concours de sélection des 30 meilleurs élevés, parmi les adhérents et non adhérents, qui seront encadrés par des professeurs diplômés des beaux arts, qui leurs assureront une formation de haut niveau. L’objectif est de former des professionnels, après acquisition de connaissances accrues. Cette formation de 8 mois sera sanctionnée par des attestations, pour ceux qui auront réussi dans leurs études.
L’école dispose-t-elle de moyens appropriés pour mener à bien sa mission ?
Nous avons un minimum de moyens pédagogiques, nous n’en sommes qu’au début, nous cherchons d’ailleurs des ressources financières pour acquérir les équipements dont l’école à besoin. Nous avons aussi un local exigu, situé dans un bâtiment regroupant les 63 locaux commerciaux pour jeunes. Nous avons besoin de locaux plus spacieux, et là je lance un appel pressant aux autorités locales pour qu’elles fassent le nécessaire, car le nombre d’adhérents augmente de jour en jour et nous n’avons pas d’espace où les mettre.
Y a-t-il des organismes, étatiques ou privés, qui vous viennent en aide ?
La DJS de Béjaia nous aide par une subvention de fonctionnement annuelle. Au début, elle était dérisoire par rapport aux besoins de l’école. Quand on a demandé sa réévaluation, on nous l’a augmentée de 100%. Je remercie feu Benothmane, l’ancien DJS, qui nous a aidés auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports pour le financement de la création de l’école. Sans oublier l’APW pour les subventions qu’elle nous octroie.
Et pour conclure ?
Je voudrais attirer l’attention des organismes pour qu’ils sachent que notre école n’est pas une association caritative qui organise deux à trois fêtes dans l’année, mais un centre de formation d’où sortiront les cadres de demain. Notre mérite est triple. On initie les enfants au dessin, on leur donne une meilleure éducation en leur inculquant le civisme et on les soustrait aux fléaux. C’est pourquoi j’estime qu’on mérite plus d’égards.
Entretien réalisé par L. Beddar

