L’enfer au quotidien

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Les usagers de plusieurs routes nationales traversant la wilaya de Bouira endurent le calvaire pour rallier le chef-lieu.

En effet, sur l’ensemble des grandes routes, d’interminables files de véhicules, s’étendant des fois sur plus de 5 kms, se forment dès les premières heures de la matinée et parfois même à longueur de la journée, a-t-on constaté ces derniers mois. La RN18, sur son tronçon reliant la ville de Bir Ghbalou à celle de Bouira, reste l’une des routes les plus marquée par les embouteillages. Les automobilistes empruntant cet axe routier, notamment sur sa partie allant d’Aïn Bessem à Bouira et inversement, sur une distance de plus de 25 Kms, souffrent quotidiennement le martyre des embouteillages. Ce problème de la circulation, qui perdure depuis plusieurs années déjà est accentué ces derniers temps, par la multiplication des ralentisseurs anarchiques et des points de ventes informels, notamment aux villages Sidi Ziyane, Saïd Abid et aux communes Aïn Laloui, Aïn Bessem et Aïn Lahdjar où se tient, tous les mercredis et jeudis, un marché hebdomadaire de voitures d’occasions.

Route nationale ou marché informel ?

Des bouchons monstres se forment, chaque jour, sur la RN18, au grand dam de ses usagers. « Parfois, on reste plus d’une heure sans bouger d’un seul mètre. Des bouchons monstres se forment dans les deux sens. Dès qu’on sort de l’encombrement, l’on découvre qu’il n’y a absolument rien, hormis l’anarchie due au manque de personnes pour gérer la circulation, notamment à Saïd Abid et Sidi Ziyane où des vendeurs informels se sont permis de squatter les abords de la route !», nous dira un automobiliste. Dans la matinée de samedi dernier, la circulation routière sur ce tronçon s’est tout simplement bloquée au village Saïd Abid. « Vous voyez, il n’y a rien, ni accident, ni barrage de la gendarmerie, mais la circulation est bloquée depuis 8h du matin et on n’avance même pas ! », nous dira, dépité un autre automobiliste, avant d’ajouter : « En plus des vendeurs informels, qui se sont accaparés de la route, on nous a fait ces ralentisseurs qui ont sensiblement réduit la fluidité de la circulation. Je ne comprends pas vraiment à quoi servent ses ralentisseurs ? Si c’est pour nous gêner ou pour nous faire du retard, je l’avoue c’est déjà fait ! ». Ainsi, les embouteillages allant souvent jusqu’au carrefour de la nouvelle gare routière de Bouira s’allongent dans le temps et bloquent la circulation automobile. « Déjà à l’entrée de Saïd Abid, la circulation est insupportable. On est souvent soumis à des attentes interminables, notamment dans la matinée. Il est pratiquement inimaginable qu’un simple trajet entre Aïn Bessem et Bouira soit fait parfois en plus de 2h30m », s’emporte un automobiliste devant se rendre à Alger, qui dit n’avoir parcouru que 500 m en une heure… Les transporteurs de voyageurs en commun, eux, s’emploient à se frayer le chemin en tentant d’emprunter des raccourcis et autres évitements. « On n’a pas d’autres routes pour aller à Bouira ! Avant, on faisait 20 minutes sur ce trajet, mais avec tous ces embouteillage on fait une heure et demi au minimum », commente un transporteur, assurant la ligne Aïn Bessem – Bouira. Et d’enchaîner : « Les vendeurs de l’informel sont partout avec leurs charrettes ou camionnettes. Ils se sont appropriés les abords de la route, à tel point, qu’on ne peut même pas observer un arrêt pour nos clients ! ».

Quand des citoyens se transforment en gendarmes !

Les habitués de cette voie affirment que dès les premières heures de la matinée, la route est envahie par des véhicules en tous genres : voitures, fourgons, bus, camions, semi-remorques. Les bouchons s’étalent, dans certains cas, sur des dizaines de kilomètres. Les véhicules avancent lentement. Outre les barrages de contrôle dressés par les services de sécurité à l’entrée ouest de Bouira, les travaux de bitumage et d’entretien de la route à certains endroits pénalisent grandement les passagers. Les files interminables de véhicules, le commerce informel, les klaxons et les dépassements, caractérisent au quotidien « ce point noir ». Parfois, des automobilistes sont obligés de descendre de leurs voitures pour réguler, un tant soit peu, la circulation. «Je suis descendu du bus qui me ramenait de la ville d’Aïn Bessem vers Bouira, pour pouvoir franchir à pieds le tronçon bouché. J’ai marché plus de 3 kilomètres à la quête d’un autre moyen de transport afin d’arriver enfin à Bouira. Si je suis resté dans le bus à attendre la sortie de l’encombrement, j’aurais perdu ma journée de travail », déclare un jeune venu d’Aïn Bessem, avant d’ajouter pour exprimer son ras-le-bol : « C’est infernal ! Insupportable, ce que nous sommes en train de subir à ce niveau. Jusqu’à quand nous allons rester dans cette anarchie ? Les responsables concernés sont interpellés pour trouver une solution à ce problème qui a trop duré notamment là où il y a des travaux ou des marchands informels». « Les voyageurs, contraints de prendre leur mal en patience, se disent toujours pénalisés par les retards causés par les embouteillages. L’extension de cette route devient une exigence face à la multiplication du nombre des véhicules», dira Hamid, un chauffeur de bus assurant la desserte Sour El Ghozlane – Bouira via Aïn Bessem.

À quand le bout du tunnel ?

Le même constat a été signalé au niveau de la majorité des routes nationales traversant le territoire de la wilaya de Bouira. Au niveau de la RN 05, reliant la commune d’Aghbalou au chef-lieu de la wilaya, sur plus de 90 Kms, plusieurs points noirs ont été recensés. Le plus important embouteillage reste celui de la sortie est du chef-lieu de la wilaya, plus exactement au lieudit « Oued Dhouss », où un important marché informel s’est constitué depuis plusieurs mois déjà. Des embouteillages monstres se forment quotidiennement à ce niveau, bloquant ainsi la circulation automobile pendant des heures et des heures, pénalisant les automobilistes et les usagers qui se trouvent devant l’obligation de faire un détour de plus de 20 kilomètres, via l’autoroute est-ouest, pour accéder au centre-ville de Bouira. « Les marchands informels se sont appropriés cette route, ce qui bloque régulièrement la circulation surtout que c’est la seule voie qui mène vers les zones de l’est de la wilaya », nous dira Sofiane, un transporteur de la commune d’El Asnam. « Parfois, on est obligé de faire le détour via l’autoroute pour arriver à Bouira, à cause des embouteillages et des bouchons qui se forment à ce niveau là ! », ajoute-t-il.  Au niveau de la commune de Chorfa, à l’est de la wilaya, le passage de la RN15 via le centre-ville et la prolifération du commerce informel perturbent sérieusement la circulation sur cet axe routier, reliant le centre à l’est du pays. Les usagers en provenance des wilayas de l’est se retrouvent souvent bloqués, pendant plusieurs heures. Cependant, il faut dire que l’un des goulots d’étranglement, qui met les nerfs des automobilistes à rude épreuve, se trouve à l’ouest de la wilaya. Au fil des années, cette route s’est transformée en un véritable cauchemar et pour les automobilistes et pour les transporteurs. Le grand rush enregistré ces dernières années, à Bouira, remet sur la table l’épineux problème des infrastructures routières, tant au nord qu’au sud de la wilaya. Le passage de l’autoroute est-ouest, au niveau de la wilaya de Bouira, sur plus de 120 Kms, entre El Adjiba et Lakhdaria, est sans conteste d’un grand apport, mais force est de constater que le réseau routier de la wilaya n’est pas dimensionné pour accueillir autant de monde. Le dédoublement de ces trois routes nationales (RN 18, 05 et 15), annoncé depuis des années, tarde toujours à être lancer. Aucune solution ne pointe à l’horizon pour contourner ces goulots d’étranglement. Selon des spécialistes, ces trois projets, une fois réalisés, désenclaveront la wilaya de Bouira, économiquement notamment.

Oussama K.

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