Bourgade de 500 habitants, Ouled Gacem vit à l'ombre du majestueux Djebel Dirah qui la surplombe à 1 810 mètres d'altitude.
Ici, on est au piémont, à près de 1 000 m d’altitude. L’école du village et la mosquée annoncent le début de l’agglomération, d’un côté comme de l’autre d’un chemin vicinal. Ce dernier s’arrête ici même, le reste étant une piste. Maintenant, le chemin monte jusqu’au Poste optique, un poste d’observation que les citoyens appellent Hadjrat El Hediane (le Rocher-guide), situé au point culminant 1 810m. Il serpente, trace des méandres sur le versant nord de la montagne, puis aboutit à cette haute plate-forme sur laquelle sont posés les antennes de la téléphonie mobile des trois opérateurs, l’antenne d’Algérie Télécom et celle de la chaîne de télévision terrestre, l’ENTV, en plus du poste de la garde communale. L’ancien animateur du projet de proximité de développement rural, Rachid Guettaf, nous parle de dizaines de visiteurs qui se rendent en famille sur ces rampes de la nature pour prendre un bol d’oxygène. « La voiture arrive sans encombre jusqu’au sommet de la montagne. Cependant, les gens, une fois partis, jettent parfois par terres leurs ordures ». Il insistera aussi sur le fait que « les jeunes veulent rester ici, travailler, au lieu d’aller perdre inutilement leur temps en ville, à Sour El Ghozlane ou à Bouira. Cependant, on manque terriblement de soutien. Tenez, je vais vous montrer ce que j’ai pu réaliser tout seul ». Il nous conduit vers un forage de 30 mètres qu’il a fait réaliser par une sonde. Le trou, d’un diamètre d’environ 80 centimètres, est sans tubage. Rachid n’a pas les moyens de l’installer et surtout de continuer à creuser davantage. Car, à cette profondeur, il est tombé sur la surface de la nappe. « Je vais solliciter les services de l’agriculture s’ils peuvent me soutenir pour allonger davantage la profondeur du forage ». Il veut l’exploiter pour irriguer les arbres fruitiers qu’il a plantés sur un quart d’hectare, un lopin de terre hérité de son père. S’agissant du raccordement au réseau d’AEP, on apprendra, sur place, que le projet est imminent. La localité sera alimentée à partir du barrage Koudiet Acerdoune, sur l’adduction qui continue sur Dechmia. Notre guide nous montra également le forage réalisé par un bénévole de Bordj Bou Arréridj au profit de la mosquée et des habitants. L’ouvrage a été fini sous forme de fontaine à deux robinets d’où sort une eau douce et cristalline. Ouled Gacem a bénéficié de certaines actions au profit des populations réalisées dans le cadre du développement rural intégré. Amélioration foncière (par fonçage ou labour croisé), ouverture de pistes, plantations fruitières, particulièrement en oliviers, corrections torrentielles destinées à régulariser la vitesse des eaux pluviales,…etc. Le programme d’habitat rural a aussi donné ses fruits ici. Sur plusieurs collines, se dressent de nouvelles demeures, mais qui donnent l’impression qu’elles ne seront jamais achevées tant leurs propriétaires s’échinent à leur faire des extensions en hauteur et sur les côtés. Le président du quartier, Fadhala Mekki, déplore une seule lacune. Et elle est de taille pour lui. Il s’agit du gaz de ville que les citoyens attendent depuis des lustres. « Les citoyens s’impatientent, particulièrement depuis qu’ils ont vu des villages et hameaux moins importants que le nôtre raccordés au réseau du gaz. Un élu de l’APW m’a cependant rassuré en m’apprenant que le projet est inscrit et que sa réalisation se fera normalement dans quelques mois. En période hivernale, lorsque l’épaisseur de la neige dans la ville de Sour El Ghozlane atteint les 60 cm, ici on est bon pour un mètre. Aucun moyen ne peut remplacer le gaz pour se chauffer. Mais, le problème de l’obstruction des routes par la neige demeure toujours posé. On a eu des malades transportés par tracteur jusqu’à l’hôpital ». Rachid faisait du stop sous l’abribus depuis neuf heures du matin pour se rendre au chef-lieu de commune de Sour El Ghozlane, distant de 8 kms. À 11 heures, il est toujours là. « Lorsque la « capsule » (fourgonnette de transport) veut bien se rendre ici, on se déplace pour des commissions en ville, sinon, on fait du stop. Plusieurs fois, j’ai été contraint de retourner chez moi, faute de transport », avouera Rachid.
N. M. Taous

