Confrontation entre magistrats et directeurs centraux

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Eu égard au nombre important des doléances enregistrées au niveau de son département, en matière de non-application des amendements apportés notamment au code de la nationalité et au code de la famille par certains juges, pourtant adoptés par les deux Chambres parlementaires, le ministre de la Justice Tayeb Belaïz s’est montré catégorique. Il a rappelé ces derniers, qui selon lui « transgressent les lois de la République », à l’ordre. Pour donner plus d’appui à ses propos, il a lancé à leur adresse que « les contextes des deux codes en question sont sans ambiguïté aucune. Ils sont clairs et ils ne nécessitent aucune lecture particulière ». Et d’ajouter « la nouvelle loi donne le droit à tout enfant issu d’une mère algérienne d’avoir la nationalité de sa mère. C’est une décision que nous avons prise dans un cadre législatif », allusion faite au code de la nationalité. En réunissant hier les présidents des cours et procureurs généraux des 48 wilayas, au niveau de la Cour suprême avec les cadres de l’administration centrale du ministère de la Justice, une rencontre première du genre, Belaïz a mis de ce fait les deux parties en confrontation. Le face-à-face était en effet nécessaire, dans la mesure où à chaque présentation de bilan des activités judiciaires et des établissements pénitentiaires et le degré d’exécution du programme de réforme de la justice au cours de l’année 2004-2005 dans chaque wilaya, le premier responsable du secteur de la justice revient à ses cadres administratifs, pour confirmer les données, passant ainsi service par service. Certains ont été sermonnés, d’autres salués pour le travail fourni. Le ministre n’a ménagé aucun d’entre eux. Ils les a interpellés sur les moindres détails, tels que le nombre d’affaire judiciaires non traitées, le nombre de détenus en détention provisoire, le classement des affaires, pour ne citer que ceux-ci.La réunion qui s’étalera sur trois jours a constitué également une occasion pour évaluer la prise en charge des préoccupations des citoyens et répondre à leurs attentes dans le cadre de la réforme globale de la justice et la consolidation de l’Etat de droit. Sur ce point, le ministre de la Justice s’est montré peu satisfait, quant à l’accueil que les présidents des cours et tribunaux réservent aux citoyens. « Les citoyens souffrent d’une mauvaise prise en charge » déplore l’orateur en indiquant, preuve à l’appui, que plusieurs doléances, émanant de tout le territoire nationale, ont été déposées au niveau de son département. Une raison pour laquelle le premier responsable du secteur ambages, a donné une série d’instructions susceptibles de rattraper le retard accusé, que ce soit dans le traitement des affaires judiciaires ou, d’une manière générale, dans l’application des réformes. Toujours dans le même sens, l’orateur a plaidé pour la mise en place d’un mécanisme drastique susceptible d’assurer l’efficacité et le développement de l’instrument judiciaire. Le problème financier n’est pas de mise, selon lui, il suffit seulement d’adopter une bonne gestion et d’appliquer avec rigueur les lois de la République. Le ministre a également mis l’accent sur la nécessité de trancher les affaires dans des délais brefs et répondre aux préoccupations des citoyens. Seule façon, dira-t-il, pour rendre la crédibilité à la justice. Pour pallier les déficits en matière de huissiers de justice et de greffiers au niveau de certaines wilayas, le département de Belaïz a décidé l’ouverture de 1000 nouveaux postes budgétaires. Un concours de recrutement est prévu pour février 2006. Au courant du premier trimestre de cette année, des journées portes ouvertes sur la justice seront organisées afin d’offrir les opportunités aux citoyens d’avoir des informations sur le secteur et sur les nouveautés introduites dans le cadre de la réforme. Il a en outre indiqué qu’à partir de l’année prochaine, un projet de révision du statut particulier des juges sera mis en chantier.

Wassila Ould Hamouda

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