Un prévenu amnésique

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L’affaire d’homicide volontaire, dont est accusé A. M. A. que la cour criminelle de Béjaïa a eu à examiner hier en appe,l s’est terminé par un verdict d’internement de l’accusé en milieu psychiatrique.Cette affaire qui a défrayé la chronique locale ne s’est achevée qu’après quatre examens successifs. Un petit rappel des faits avant d’évoquer la procédure dans ses différentes étapes.Dans la journée du 1er juillet 2001, l’accusé alors qu’il était étendu sur son lit avait en ligne de mire sa belle-fille qui lavait le linge dans la cour de la maison. C’est à partir de ce moment que les versions se heurtent et se contredisent. Pendant que l’accusé soutient la version de la provocation par des gestes suggestifs et qui ne prétendait à aucune équivoque quant à l’intention de sa bru de le séduire, la partie civile de son côté évoque le harcèlement de la victime par son beau-père. Quoi qu’il en soit, deux coups de feu partirent et atteignèrent l’épaule de la bru A. W., mère d’un petit enfant, qui succombera à ses blessures 18 jours plus tard à l’hôpital de Béjaïa, non sans avoir au préalable, au cours d’un moment de lucidité fait des “révélations accablantes”. Lors du premier procès en novembre 2003, l’accusé a écopé d’une peine de 20 ans de réclusion criminelle.Le procès en appel s’est tenu le 17 mai 2005 et a été, à la surprise générale et en dernière minute annulé pour vice de forme : un des jurés a déjà figuré au premier procès.Le 30 mai de la même année, réexamen de l’affaire, marquée par un coup de théâtre : en pleine audience l’accusé pique une crise de nerfs suite au refus de la défense de poursuivre dans de telles conditions, l’audience a été suspendue et reportée donc à hier lundi 19 décembre à huis clos. L’ultime examen de cette affaire a été caractérisé d’abord par la longueur des débats et ensuite par la tournure qu’ils prirent. Le prévenu A. M. A. soutient d’entrée de jeu qu’il ne se souvient de rien. Pour le tirer quelque peu de cette amnésie, le président lui a fait lecture de ses précédentes déclarations. Rien n’y fait, le prévenu s’enferme dans sa logique et répète plusieurs fois : “Je ne sais pas comment j’ai tiré”.Témoins à décharge et partie civile se succèdent à la barre sans que cela puisse éclairer davantage la cour.Le procureur dans son long réquisitoire, après avoir rappelé les faits dans le détail, a demandé la réquisition criminelle à perpétuité.La défense de son côté, assurée brillamment par un ténor du barreau, maître Mokrane Aït Larbi, a axé son intervention sur l’irresponsabilité mentale de son client. Les rapports des trois experts en psychiatrie ont été soigneusement épluchés. Puis requalifiant le chef d’inculpation, maître Aït Larbi demande à la cour de ne retenir que “coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner”, avant de solliciter l’enternement pour raisons médicales de son client.Ces arguments ont fait mouche et la cour a suivi maître Aït Larbi.

B. Mouhoub

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