Pour la seconde année consécutive, le comité du village Imaloussène et l’association des producteurs agricoles de la commune, en collaboration avec l’APC de Timizart et l’APW de Tizi-Ouzou, organisent la «Fête du lait». Cette manifestation voulue par ses organisateurs comme un hommage au secteur agricole de la région, mais aussi une manière de valoriser ce produit essentiel pour l’homme qu’est le lait, est un message fort pour les autorités afin qu’ils donnent le maximum de moyens aux professionnels du secteur, dans le but d’améliorer la production et parvenir, à terme, à une autosuffisance pour cette denrée vitale qui, comme on le sait, a connu des perturbation aigues tant sur le plan local que national. «La région de Timizart compte d’énormes potentialités en le domaine», nous dira O. Rabah un des membres les plus actifs de l’association. Et d’ajouter : «Notre objectif est d’arriver, un jour, à organiser notre profession pour la sortir du cadre familial dans laquelle elle est confinée depuis des lustres, afin de la rendre plus performante, de telle manière à ce que l’industrie qui va avec, notamment par la production du lait en poudre, la fromagerie, la production des yaourts, puisse voir le jour dans la région. Si cela aboutit, on peut imaginer, dés lors, l’essor économique que prendra notre région. Le chômage dont souffre notre commune et les communes limitrophes comme Fréha, Ait Aïssa Mimoun, Aghribs, sera résorbé d’une manière significative ». Comme on le voit donc, cette fête est plus une manifestation à caractère économique que festive, même si le volet culturel a été mis au devant, puisque la stratégie est d’attirer le maximum de visiteurs afin de leur faire découvrir ce monde agricole, dynamique mais mal connu. Pour R. Nacer, ingénieur agronome, «la problématique du lait peut facilement trouver sa solution, pour peu que les bonnes décisions soient prises. Une des solutions que nous proposons est de cesser d’importer des génisses, en encourageant plutôt l’importation de gamètes sélectionnés, moins coûteux, pour pouvoir les inséminer dans des génisses porteuse locales. De cette manière, on pourra obtenir des vaches laitières de bonnes races, produites ici et totalement contrôlées par nos services. Cela nous permettra de régulariser le marché des bovins, en produisant selon la demande du marché et en même temps, d’économiser d’importantes sommes en devises consacrées, jusqu’à présent, à l’importation des vaches laitières qui trouvent du mal à s’adapter au climat local. A titre d’exemple il faudra savoir que pour augmenter la production du lait, le pays a importé plus de 120 000 têtes, rien que pour l’année 2013. «Le village d’Imaloussène compte, à lui seul, quelques 150 producteurs de lait», nous dira un autre producteur, ajoutant : «Si tout ce beau monde pouvait s’organiser en coopérative et créer ainsi une filière puissante, avec des techniciens, des ingénieurs agronomes, un comité de gestion et des employés à plein temps, nous sommes surs que tout ne sera que bénéfice pour les producteurs eux-mêmes, mais aussi pour toute la région et la filière. Cela encouragerait les investissements, tant privés qu’étatiques, dans le domaine car les perspectives d’une production industrielle du lait seront du domaine du possible. Il faudrait, aussi, savoir que même de manière traditionnelle, notre village à lui seul produit 15 000 litres de lait par jour. Une bonne organisation nous permettra de doubler, voir tripler, cette production via plus de sélection de vaches laitières et une alimentation plus rationnelle et plus équilibrée».Abondant dans le même sens, un producteur de lait de la région d’Iflissen, venu pour la circonstance, nous dira que «les potentialités de développement de la filière lait en kabyle sont énorme». Pour exemple, il citera la région d’Iflissen, propice à l’élevage de chèvres. Il déplore que cette activité soit délaissée, privant ainsi le secteur économique de la wilaya d’un apport certains. «Si on pouvait valoriser ce genre d’élevage, tout un secteur industriel spécifique ira en amont avec la profession. On pourra, par exemple, voir l’émergence d’usines spécialisées dans la production des dérivés de lait, comme les fromages, si rares chez nous,», dira-t-il. Le mérite de cette Fête du lait, qui commence à s’enraciner au niveau du village d’Imaloussène et qui voit la participation, notamment au niveau des différents stands d’exposition, de dizaines d’opérateurs activant dans le secteur venus de toutes les régions de la wilaya, mais aussi d’ailleurs, drainant des milliers de visiteurs venus de partout, est de permettre des débats et des réflexions quand au meilleures voies à suivre pour améliorer la production laitière, chez nous, dans l’objectif de sortir de la dépendance aux importations, que ce soit pour ce qui est des génisses ou du lait en poudre.
Ait Slimane Amazigh
