Lorsque la ministre de l’Education estimait, à propos de Tamazight, qu’« il faut que son enseignement soit obligatoire », c’était sans aucun doute la chercheuse scientifique, ne s’encombrant d’aucune considération politico idéologique, qui s’exprimait. Cette incursion rationnelle, tant souhaitée, dans un secteur des plus sensibles, optimise l’espoir de réussir, enfin, une école de savoir, moderne et ouverte sur le monde. Les attaques islamo populistes dont la ministre fait objet, ne font que conforter cette idée que la démarche de Benghebrit est la bonne. A Bouira, la ministre avouera à notre journaliste que l’enseignement de Tamazight est un vrai problème. Un aveu suggérant qu’elle est au fait de la réalité du terrain. Un aveu, aussi, et surtout, qui suggère que les mécanismes adéquats pour solutionner le « problème » seront mis en place. Mais voilà que juste après cet aveu, la ministre de l’Education nationale s’entremêle les pinceaux en considérant que « l’enseignement de Tamazight n’est pas très demandé ». Si l’on suit ce raisonnement et que l’on considère que l’enseignement d’une langue, quelle qu’elle soit, obéit à la logique économique de l’offre et de la demande, l’Algérie se mettra, depuis la crèche, au diapason de l’Anglais, voire même au diapason de la langue du SMS. Plus loin, la ministre enfonce le clou : « Ce n’est pas la faute de l’Etat si cette langue n’est pas très demandée ». Ainsi donc, les révoltes printanières (Printemps berbère et Printemps noir) et leurs souvenances annuelles, ne charrient aucune demande ! Y a-t-il demande plus convaincante que celle qui consistes à sortir dans les rues et, hélas, y verser son sang ?
Il est évident que la généralisation de l’enseignement de Tamazight est une projection pour l’avenir. Il est évident, aussi, qu’il faut d’abord, comme l’a souligné la ministre, que Tamazight se positionne en matière de politique linguistique. Deux choses se montrent pressantes : arrêter le déni et accorder à Tamazight les moyens effectifs à même d’assurer sa promotion au stade de langue officielle. Toute autre phraséologie est une perte de temps, que la rue ne manquera pas de combler pour, encore une fois, faire part de sa « demande sociale ».
S.O.A.
