Autant de réalités que de rêves

Partager

La générale de la pièce de théâtre « Ibn Battuta », mise en scène par la Franco-algérienne Elsa Hamnane, d’AthénaThéâtre, a été présentée au public béjaoui, mercredi dernier, à 18h, au théâtre régional Malek Bouguermouh. La représentation a attiré un grand nombre de spectateurs. Néanmoins, beaucoup d’entre eux nous ont confié qu’ils étaient restés sur leur faim. Ils ont déploré le peu d’informations dans la pièce quant à la personnalité la vie et le parcours du voyageur Ibn Battuta. Celui-ci n’a, en effet, été personnifié qu’un moment sur scène, vers la fin du spectacle, quand il déclara avoir survécu au naufrage du bateau sur lequel il avait embarqué pour son voyage en Inde. La metteuse en scène indiquera néanmoins que la pièce n’était ni une œuvre pédagogique, ni une leçon d’histoire et que l’essentiel n’est pas tant la personnalité ou le parcours d’Ibn Battuta. Faire la biographie du voyageur Ibn Battuta n’est pas le but principal de la pièce. Le spectacle aurait pu se construire sur n’importe quel autre voyageur anonyme dont les péripéties du trajet présenteraient des situations similaires. Mais Ibn Battuta a permis de faire toucher du doigt certaines questions que d’autres voyageurs n’auraient pas permis. Le spectacle commence par l’entrée sur scène du personnage de Juzzay, auteur qui avait écrit en son temps la biographie d’Ibn Battuta. Alors qu’il se trouvait dans son salon à se délecter d’un feuilleton de télévision, voilà que le fantôme d’Ibn Battuta lui apparut, évoquant un voyage de 120 mille kilomètres à travers différents pays et différentes cultures, à l’époque où il n’existait ni trains, ni avions. C’était l’époque où le visa n’était pas encore inventé et où les frontières géographiques n’entravaient pas la circulation  des hommes. Si les costumes des acteurs ne font référence à une aucune époque précise, leur jeu, en revanche, construit, précise la metteuse en scène, selon les règles de l’improvisation, a consisté en autant de réalités que de rêves, emportant le public à travers quelques étapes supposées du parcours d’Ibn Battuta. La plus significative étant son séjour en Inde, ses contacts avec la culture indienne et le naufrage du bateau dans lequel il était embarqué et duquel il s’en est miraculeusement sorti, presque indemne. Toutefois, et même si le spectacle était riche et dense avec beaucoup d’informations et beaucoup d’ambiance, suscitant des fantasmes et poussant aux questionnements,  la symbiose entre les comédiens et le public  n’était pas parfaitement établie. Cela pourrait être imputé explique la responsable de la mise en scène, à un manque de fluidité dans le jeu des acteurs et dans la succession des scènes. Mais de soirée en soirée, les acteurs auront beaucoup à inventer pour roder et fluidifier le spectacle. Tout en se défendant de délivrer un quelconque message au public, Elsa Hamnane évoque cependant l’expression des regrets d’une  époque, un conflit de générations et une quête d’un bonheur inconnu.

B. Mouhoub 

Partager