L’absence de volonté politique et « institutionnelle » à promouvoir Tamazight dans tous ses aspects a rendu difficile de mettre cette langue dans les outils et lui conférer l’usage moderne. C’est en somme la problématique centrale qui a été développée, hier, au second jour du colloque international du HCA sur l’usage de Tamazight dans les médias, qui se tient à Azazga. « En l’absence d’une institution compétente, qui prend en charge l’aménagement de la langue pour les différents domaines d’utilisation, les usagers des différentes institutions rencontrent de nombreux problèmes et difficultés à mettre en place la langue dans l’usage moderne », a estimé Ramdane Boukherouf, maître de conférence au département de la langue et culture amazighes de l’université de Tizi-Ouzou. Très critique envers l’absence de réflexions et de pratiques à même de permettre de se spécialiser dans la profession des médias en langue amazighe, M. Boukherouf regrette qu’ « au lieu de se limiter à mettre en place (leurs) connaissances journalistiques, ils les précèdent, malgré eux, par le travail d’aménagement de la langue à mettre en place ». En somme, le conférencier, ainsi que les communicants d’hier ont mis en exergue le manque et/ou l’absence de formation pour les journalistes désireux d’exercer en Tamazight. « Ce n’est que du bricolage, jusqu’à présent, les mécanismes et les volontés pour y remédier ne sont pas encore disponibles », a commenté Belkacem Mostefaoui, professeur à l’école supérieur de journalisme. Ramdane Boukherouh suggère, dés lors, d’intervenir sur « l’usage de la langue amazighe dans les différents médias amazighophones ». Il propose, ainsi, de « s’inscrire exclusivement dans une analyse linguistique des contenus des programmes diffusés ». Son intervention, hier, vise, selon lui, de « tenter de dégager la structure de la langue en usage ». Il suggère également d’axer les débats sur les volets inhérents au « travail de création des néologismes en usage, l’usage des néologismes, et la structure syntaxique de la langue en usage ». Il faut dire qu’en dehors des débats, qui étaient relativement électriques sur certaines questions, techniques et scientifiques, les travaux de ce colloque ont tendance à connaître un « refroidissement », tant la problématique centrale devant être discutée n’est abordée qu’au minima. En marge des conférences, plusieurs invités et observateurs, notamment les journalistes amazighophones, ont exprimé leurs regrets quand aux risques de déviation du colloque de son thème central. Les craintes ont été d’autant plus palpable, lorsque un journaliste de la radio chaine II a manifesté son mécontentement, « car ce genre de colloque a été déjà tenu et des recommandations ayant été faites, depuis 2006, sans qu’aucune suite ne soit donnée » !
M.A.T.
