Enarque et lauréat de sa promotion, Ali Bedrici a eu à assumer plusieurs fonctions qui l’ont amené à travailler aux quatre coins du pays. Fasciné par la beauté du pays et aguerri par son expérience dans la vie, Ali Bedrici fera de l’écriture une passion agrémentée par une sensibilité poétique. En attendant la parution de son quatrième roman d’ici la fin de l’année, l’auteur a, à son actif, trois œuvres que nous avons lu pour nos lecteurs. Bien narrée, malgré que le texte ait été quelque peu terni par cette redondance que l’auteur aurait pu éviter, les exilés de l’amour d’Ali Bedrici, est une histoire qui plonge le lecteur dans la réalité algérienne. Plusieurs histoires d’amour qui se sont passées dans des lieux différents et à des périodes différentes ont accompagné l’amour de Mourad et Nadia, principaux personnages. Issus de deux milieux diamétralement opposés, les deux amoureux ont vu leurs mondes s’entrechoquer avant que l’amour ne prévale de la situation. Des écarts aux convenances, considérés par l’une des parties comme un minimum de liberté et de vie en société à l’aisance matérielle, qui gênait aux entournures, la fracture s’élargira jusqu’au point de rupture. Le couple passera par le pire des échecs, le divorce en l’occurrence, avant de se retrouver, plus tard, pour reconstituer ce qui n’aurait jamais dû se casser. En racontant cette histoire d’amour, l’auteur surprendra le lecteur en l’associant, simultanément, à la manière dont est géré le pays, laquelle s’articule, souvent, sur le tape-à-l’œil. Il mettra en exergue la tentation des élus et des commis de l’Etat de faire dans le tape-à-l’œil au détriment du travail bien fait qui reste, même méritoire, invisible et peu rentable pour l’évolution des carrières et le renouvellement des mandats. Même l’accès aux fonctions importantes a été relaté lequel se fait, souvent, sur des critères subjectifs, tels que le népotisme, le clientélisme et le régionalisme. Le phénomène de l’intégrisme religieux qui a commencé par l’imposition du port du voile, alors qu’il était porté autrefois par conviction, a été également, rappelé par l’auteur. Une religion vécue sereinement depuis de longs siècles sans contraintes et sans enchères, perturbée par un prosélytisme religieux au contenu souvent truffé de valeurs qui se situaient aux antipodes du vrai islam. La deuxième œuvre d’Ali Bedrici, carnet d’émotions, est riche d’une dizaine d’histoires plus sentimentales les unes que les autres. La guerre de libération avec « mission accomplie », les us et coutumes ancestrales dans « Fadhma ou la bêtise humaine » ou encore l’émigration avec « l’appel du cœur », sont les principaux thèmes développés par l’auteur sous forme d’histoires imaginaires. Un recueil d’histoires courtes qui peuvent constituer une réflexion et servir de conseils par la même occasion. Son troisième essai est un recueil de poésie influencé par l’amour, la mort et enfin par tout ce qui entoure l’auteur dans la société. Une cinquantaine de poèmes qui se veulent un bouquet de la passion humaine, telles des fleurs enflammées. Une conception de la vie à travers des poèmes qui en disent long. Dans son prochain roman, l’auteur racontera la période de 1860 jusqu’au début du 20e siècle. Il dira vouloir saisir l’occasion de parler de l’insurrection d’El Mokrani et de son appel au cheikh Aheddad. Ses personnages vont vivre cette période et ces deux illustres monuments de l’histoire du pays étaient, justement, convaincus que l’école coloniale était contre le peuple. Une façon de rendre hommage à ces deux héros et dire, également, que les soulèvements populaires contre le colonialisme n’ont jamais cessé depuis l’arrivée des français jusqu’à l’indépendance. Une succession de soulèvements dont chacun annonce le suivant. Décrire l’horreur du colonialisme contre le peuple algérien est également au menu de ce roman. Ali Bedrici parlera aussi de la déportation vers la nouvelle Calédonie. Il conclura en disant que le message final de ce nouvel essai est de dire que les sacrifices consentis par les algériens durant cette période n’ont pas été vains, puisqu’ils ont annoncé d’autres révoltes jusqu’à celle de 1954.
A. Gana.
