Les villageois maintiennent la pression

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L'occultation de 56 hectares, sur les 58 hectares prévus pour Tizi Gheniff, dans cette zone industrielle située à cheval entre cette dernière et Draâ El-Mizan, sur un total de 116 hectares, inquiète, au plus haut point, aussi bien les autorités locales que toute la population de la région.

Ainsi, pour continuer ses actions et sa sensibilisation, la coordination des comités de villages a initié une conférence, avant-hier vendredi, à la salle de sport de la ville.  » Ce ne sont pas des arguments convaincants. Dire que ces terres sont hautement productives alors que celles situées dans le périmètre retenu ne sont pas irriguées est un prétexte fallacieux « , dira M. Makhlouf Chikh à qui échoit la présidence tournante de ladite coordination. Et de poursuivre:  » Nous nous sommes réunis trois fois avec le wali à ce sujet. Nous ne céderons pas un iota de cette zone. C’est un atout pour la région qu’il ne faudra pas laisser tomber. Mobilisons-nous pour cet objectif ». Cet orateur rappellera, par ailleurs, la réunion tenue dernièrement non loin des terrains choisis, où toutes les propositions ont été étudiées, évoquant même l’initiative prise par le P/APW, M. Hocine Haroun, de programmer une session de l’APW où sera débattu ce sujet. Comme ordre du jour, il a été retenu de développer un sujet très important sur le développement durable. Ce thème a été confié à M. Mohamed Zoreli, président de l’association Asalas et professeur à l’université de Béjaia. Le conférencier s’étalera longuement sur le rôle que devront jouer les élus locaux dans la collectivité locale.  » L’Etat réalise les infrastructures de base. De leur côté les collectivités locales prennent en charge les besoins de la population en matière d’ouverture de pistes, d’assainissement et d’aménagements », enchaînera-t-il dans sa communication. Pour lui, les élus devront mettre toutes leurs divergences de côté car l’intérêt de la collectivité est au dessus de tout.  » Cela veut dire qu’une assemblée élue ne devra pas remettre en cause ce qui a été fait pas la précédente », insistera-t-il.  » L’implication des citoyens, des entreprises et la solidarité entre tous les partenaires est très importante dans la réussite du développement local et durable, d’autant plus que l’échange des compétences et du savoir-faire entre tous ces acteurs est crucial », précisera l’intervenant. Il notera aussi que l’engagement efficace et continu des élus devient une force pour régler les problèmes communs des citoyens, notamment en ce qui concerne la création d’emplois et de richesses dont bénéficiera la population de la commune. Pour le conférencier, trois éléments favoriseront la création d’une zone industrielle.  » Tout d’abord, il faudrait qu’il y ait une culture dans ce domaine, ensuite, tout passe par une bonne gouvernance, qui consiste à reconnaître la diversité des avis, et d’un bon état d’esprit « , estimera l’invité de la coordination.  » La bonne gouvernance consiste à tenir compte de la dimension politique, cimentée sur une base démocratique. Par contre, souvent, les élus ne regardent que leur image. Mais ce qui est attendu, c’est un développement durable », soulignera-t-il D’autres points intéressants ont été énoncés, notamment par rapport à la création d’une dynamique, souvent étroitement liée à l’intelligence territoriale et à la bonne image du territoire, sur laquelle la zone est implantée.  » L’intérêt n’est pas dans la création de la zone seulement, mais c’est, surtout, l’image de la région qui compte beaucoup », dira-t-il, donnant pour exemple l’entreprise Soummam, à Béjaia, et tout ce qu’elle a engendré en matière d’emplois, de décollage économique et bien sûr de création de richesses. Avant de conclure, le conférencier donnera quelques exemples de taxes dont bénéficie la commune en cas de créations de telles zones : « La TVA est de l’ordre de 5%, la taxe relative aux eaux usées provenant de la zone est de 25%, celle due à la pollution est de 10%… ». Un dernier intervenant donnera à l’assistance des explications sur une panoplie de lois et de décrets exécutifs portant sur la création de zones industrielles, les expropriations, les indemnisations des privés, les EAC (Exploitation agricole collective) et les EAI (exploitation agricole individuelle). Il citera également les impacts qu’aura cette zone sur la localité. Un débat riche et constructif s’en est suivi. Des réponses ont été données par les conférenciers aux diverses interrogations des présents. A la fin, tout le monde semblait convaincu que cette conférence est tombée à point nommé pour que la mobilisation autour de ce projet soit maintenue. L’une des actions retenues est de déclarer pendant une journée  » Tizi Gheniff, ville morte ». La date n’a pas encore été arrêtée.

Amar Ouramdane

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