…Bouira n’a pas oublié…

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«Aujourd’hui vivant, demain qui sait ? J’ai dit ce que je sais et ce que je vois. Il vous en souvienne, si je sombre dans la rigole. Mon spectre vous appellera…. », chantait Matoub Lounes en 1995. Aujourd’hui, seize ans après son assassinat, ses verbes sont toujours d’actualité sa mémoire et son aura sont restées gravées dans les mémoires des citoyens à Bouira, qui se souviennent toujours, d’un certain 25 juin 1998, où le chantre de l’amazighité Matoub Lounès, a été lâchement assassiné par un groupe de sanguinaires armés, à Thala Bounane, sur une route sinueuse qui mène vers son village natal, Taourirt Moussa, dans la commune de Béni Douala. Seize ans après son assassinat, Bouira, ou Tuviret comme il aimait tant à l’appeler, est restée, orpheline de son « Rebelle ». Mais son étoile brille toujours, ses mélodies bercent la jeunesse des quatre coins de la wilaya. Ses textes sont une référence pour les jeunes révoltés du Printemps noir, pour qui Matoub représente une sorte de « guide » spirituel qui les accompagne. Dans chaque ville ou village de Bouira, une stèle a été érigée à sa mémoire. Son combat pour les libertés, l’identité Amazighe et la démocratie, sa générosité et son humilité lui ont offert une place au classement des immortels. « Matoub est de ceux qui ne mourront jamais, tant son nom se confond avec tous les combats menés, ces deux dernières décennies, dans notre pays, contre l’intégrisme dans toutes ses formes. Le Rebelle était toujours aux avant-gardes », commente Achène, un citoyen de la commune d’El Esnam. « Je me souviens comme si c’était hier… J’étais au travail, cet après-midi là et dès que j’ai appris l’horrible nouvelle, j’ai baissé le rideau. Plus tard, j’ai tenu à aller à Béni Douala pour assister à son enterrement », nous dira Hamid, un commerçant du centre-ville de Bouira, qui garde jalousement un poster du Rebelle au milieu de son magasin de chaussures. « Aujourd’hui à Bouira, que ce soit du côté berbérophone de la wilaya, que celui arabophone, les gens se souviennent toujours du jour de l’assassinat de Matoub», ajoute-t-il. Avec son verbe acerbe, son charisme légendaire et son timbre de voix si particulier, « l’enfant terrible » de la Kabylie a survécu à ses assassins et à la bêtise. « On se rappelle toujours de sa vie et de son parcours, qui l’ont transformé d’un simple chanteur poète en un véritable guerrier des lumières », fulmine Amazigh, un enseignant à Bouira. Et d’enchaîner : « Mais il restait tellement de combats à mener, que penser qu’il soit absent est une énorme frustration. Si ses adulateurs n’auront plus ce plaisir immense de découvrir chaque année ses succès, un plaisir qui procure une bonne bouffée d’oxygène quand on est étouffé son patrimoine continue à abreuver toute une jeunesse d’idéaux de justice et de liberté ». 

               

 O.K.

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