Emouvants témoignages à Draâ El Mizan

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Comme nous l’avions déjà annoncé dans notre édition de dimanche dernier, deux journées ont été retenues, celles de mardi et mercredi, par l’APC et les deux associations ‘’Taneflit N’Tmazight’’ et ‘’Amgud’’ pour commémorer le seizième anniversaire de l’assassinat de Lounès Matoub, le chantre de l’Amazighité. Le rebelle fut lâchement ravi aux siens par un groupe armé un certain 25 juin 1998, près du village Tala Bounane, sur la route d’Ath Douala. L’association Taneflit a ouvert les portes de son siège, en y organisant une exposition où le public put voir ou revoir les photos de l’enterrement du barde assassiné et les articles de presse qui avaient rapporté sa tragique disparition. Une ambiance de recueillement y a régné sur fond de chansons du défunt artiste. Par ailleurs, dans la matinée d’avant-hier, la salle de réunions de l’APC a accueilli les différents invités et personnalités du secteur de la chanson et du théâtre, ainsi que des élus, venus participer à la commémoration. Il y avait également les familles des trois grandes personnalités victimes du terrorisme. Le choix de l’association Amgud ayant été porté sur elles pour le décernement du 7e prix Matoub Lounès, contre l’oubli. Il s’agit du professeur en psychiatrie Mahfoud Boucebci, assassiné le 15 juin 1993 à l’intérieur de l’hôpital où il travaillait à Alger, d’Ahmed Asselah assassiné le 5 mars 1994 alors qu’il était directeur de l’Ecole Supérieure des Beaux Arts d’Alger et de madame Labou néé Matmar Sadia, dentiste et militante démocrate, assassinée elle aussi à Alger le 12 Novembre 1994.  « C’est avec émotion que nous vous recevons aujourd’hui à l’occasion de la remise du prix Matoub Lounès contre l’oubli, en ce seizième anniversaire de l’assassinat de ce grand homme épris de justice et de démocratie et militant invétéré de la cause berbère. Il est de notre devoir d’honorer la mémoire de ces victimes de l’obscurantisme qui se sont sacrifiées pour leurs idéaux », a déclaré M. Karim Larbi, le président de l’association Amgud. Il donnera ensuite la parole aux présents pour livrer leurs témoignages et sentiments. Etaient présents des membres des familles Matmar et Labou, les deux frères Ramadane et Mourad Asselah et le fils du professeur Boucebci. C’est Dda Ramadane Asselah qui intervint en premier, retraçant le parcours de son frère Ahmed et de son fils, assassinés le même jour, au même endroit. « Pourquoi mon frère et mon neveu ont-il été assassinés ? Tout simplement parce qu’ils ne voulaient pas abandonner leurs idéaux », dira-t-il, réclamant, avec son deuxième frère, que les assassins soient jugés un jour. La sœur de Sadia Matmar lui succèdera, lisant son témoignage retraçant la vie de sa soeur depuis sa naissance, au lendemain du déclenchement de la guerre de libération nationale, dans la ferme familiale à Draâ El-Mizan, dans une famille engagée dans la lutte armée, et jusqu’à ce jour fatidique du 12 novembre 1994 où elle fut assassinée, laissant derrière elle ses enfants et son mari. Ce fut un moment émouvant et solennel. « Ma sœur pouvait partir vivre ailleurs, mais elle disait qu’elle voulait se battre, résister, parmi les siens. Ses prises de positions étaient connues de tous », ajoutera la sœur, très émue. Ce fut ensuite le mari de la défunte qui prit la parole, évoquant une épouse et une mère aimante et courageuse, dévouée au progrès. Quant au fils du professeur Boucebci, il dira à l’assistance que son père ne badinait pas quand il s’agissait des valeurs humaines et des droits démocratiques. « Il était entièrement engagé dans la protection de ces valeurs. Il aimait du fond de son cœur son métier », dira le fils bouleversé. L’après-midi fut consacré à la remise du prix. « Je tiens à remercier les membres de la fondation Matoub Lounès qui viennent de nous rejoindre. Nous ne devons pas oublier tous ces hommes et ces femmes, morts ou vivants, qui ont tant donné pour ce pays.  Cette année, nous avons choisi ces trois personnalités et nous promettons d’honorer, chaque année, tous ceux qui ont donné leur vie pour la démocratie et la liberté », dira M. Hamid Derradj, membre de l’association Amgud. Plusieurs membres de la fondation Matoub Lounès se succèderont pour donner les prix, au frère d’Ahmed Asselah, au père de Sadia Matmar et au fils du psychiatre Boucebci. Avant la clôture, Karim Larbi, invita un membre de la Fondation à venir recevoir une copie de ce 7e prix et l’historique de celui-ci depuis sa création jusqu’à ce jour, pour qu’il les dépose dans les archives de la fondation à Taourirt Moussa. Ledit membre tiendra à dire aux organisateurs et à l’assistante que Nna Aldjia, un peu souffrante, se trouvait toujours en France en compagnie de sa fille Malika. Quant à la journée d’hier, on procéda au dépôt d’une gerbe de fleurs devant la stèle Matoub Lounès à proximité de la poste de la ville, en présence de citoyens, des élus locaux et des représentants du mouvement associatif.

Amar Ouramdane

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