Recueillement et émotion à Tourirt Moussa

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Ils étaient des centaines, voire des milliers, à être allés se recueillir, hier, sur la tombe de Matoub Lounès, à Taourirt Moussa, village natal du Rebelle, dans la commune de Beni Doula. 

Ils étaient dans leur majorité des jeunes âgés entre 16 et 35 ans, venus des quatre coins du pays, mais surtout de Bejaïa, de Bouira et de Tizi-Ouzou… Des dizaines de gerbes de fleurs étaient empilées sur la dernière demeure du chantre, entre autres, celle déposée par le directeur de la culture de la wilaya. Etaient également présents, le P/APW, le maire de la localité et le chef de daïra de Beni Douala ainsi que de nombreuse personnalités du monde des lettres et de la culture. Les étudiants étaient les plus nombreux à venir rendre hommage au monstre sacré de la chanson d’expression kabyle qui n’a pour eux « aucun égal ». Notons par ailleurs qu’un grand nombre de jeunes, comme chaque année, venaient de la localité de Tazmalt dans la wilaya de Bejaïa. Curieux, nous avons accosté un groupe venu de cette localité. Nous apprîmes qu’ils étaient étudiants à Oran : « Nous avons démarré à 4h du matin et nous sommes arrivés vers 8h à Tizi-Ouzou. Nous aimons Matoub, nous n’écoutons que lui à la cité universitaire. C’est notre idole, mais il n’y a pas que les étudiants qui l’aiment. Toute notre localité voue un culte au rebelle », nous dira l’un  d’entres eux, âgée de 23 ans. Un autre nous dira : « Lounès pour moi incarnait la liberté. C’est notre Che Guevara à nous. C’était un homme extraordinaire qui s’est sacrifié pour ses idées, pour une Algérie meilleure, comme il le dit si bien dans l’une de ses chansons ». Un autre ajoutera : « c’était un homme d’honneur, un fervent défenseurs des causes justes. Personne ne pourra jamais le remplacer dans nos cœurs… ». Le mouvement associatif était également présent en force. L’association « Tigramt Illilene » de Makouda, et les associations « Agroun Ath Ouaghlis » de Sidi Aïch, celle du village Chemini dans la localité de Semaoune, et « Thidoukla Medjber Ath Ouaragh Ath Waghlis » daïra et commune de Chemini, toutes dans la wilaya de Béjaïa, étaient présentes.  Mr Slimane Alem, P/APC de la commune de Beni Doula, nous a déclaré : « C’est une triste journée, car c’est toujours avec une profonde tristesse que nous commémorons cet anniversaire. Matoub est un repère identitaire pour tous ceux qui se reconnaissent dans son combat. Il symbolise la loyauté la sincérité et la simplicité ». M. Chabane Imache, le fils du grand révolutionnaire Imache Amar, que nous avons rencontré sur les lieux nous a parlé de sa rencontre avec le rebelle qu’il a très bien connu : « J’ai connu Lounès à sa sortie du service militaire au CEM Iboud d’Ath Doula. Son père, Dda Amar, était chef cuisinier dans ce CEM et son fils travaillait avec moi au service d’intendance du CEM. Il passait tout son temps libre à écrire des chansons et à chanter dans les fêtes des villages. C’était un bon vivant qui aimait rire et plaisanter…». Le docteur Kameledine Fekhar, à la tête d’une délégation venue de Ghardaïa pour rendre hommage à la mémoire de Lounès nous a déclaré : « Je suis ici pour me recueillir sur la tombe du rebelle. Il est une référence dans la lutte pour la démocratie, les libertés et Tamazight. C’était un grand homme… ». Dans une déclaration envoyée par la présidente de la fondation Matoub Lounès, qui n’est autre que la sœur du rebelle, et lue aux présents, Malika Matoub disait : « En ce 25 juin, je revendique notre douleur, notre souffrance et le sacrifice de ma famille pour des causes justes ». Elle poursuit : « à l’heure de commémorer le seizième anniversaire de la mort de Lounès, ma mère, Aldjia Matoub, se trouve dans une situation d’effondrement physique et psychologique. Ni son corps, ni son esprit ne lui permettent d’affronter la foule des visiteurs… ». « Ula dadrar ad yenhed » (même la montagne s’effondrerait sous ce lourd fardeau), écrit également la sœur de l’artiste défunt. « Même à cette heure, victime d’une maladie grave, c’est la frustration de ne pas connaître la vérité qui la domine » lit-on encore dans la déclaration. Et un peu plus loin : « Qu’on le veuille ou non, son état actuel résulte des années de souffrances et d’angoisse au sujet de Lounès… ».              

         

Karima Talis

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