Après les éphémères commisérations du mois de Ramadhan pendant lequel, paraît-il, Lucifer et autres démons se voient ligotés, la misère sociale reprend son droit de cité dans nos villes.Le quotidien se charge, en effet, sans cesse de nous édifier sur cette réalité amère de “SDF” du destin et l’obstinée insouciance de la société à leur sort. Tout porte à croire que ces mendiants qui, à longueur de journée, tendent la sébile, parfois flanqués de toute leur smala, sont condamnés à boire le calice jusqu’à la lie et quémander humblement leur droit à une existence honorable.L’entraide et la solidarité qui se sont données à voir durant le mois de piété, étaient trop pathétiques pour être vraies. Parce qu’amplifiées par la médiatisation outrancière, la compassion a fatalement versé dans une sensiblerie incongrue et flagorneuse.Les nécessiteux qui ont caressé le fantasme de voir ces bons samaritains voler à leur secours et continuer de semer la charité les autres mois de l’année, reviennent peu à peu de leurs illusions pour se résoudre enfin, à en faire le deuil irrémédiable.La présence massive de ces loques humaines sur les artères de nos agglomérations est sans nul doute symptomatique d’un nivellement par la base qui s’opère insidieusement dans la société et qui précipite dans les abysses de la misère des pans entiers de la population. Une véritable plaie en somme, qui appelle des ripostes urgentes en terme de résorption du chômage, de l’insertion sociale et de la distribution équitable des richesses, seules mesures à même d’extirper ces laissés-pour-compte de la spirale de la pauvreté et de les engager sur la voie de la conquête d’autonomie et le recouvrement de la dignité.
Nacer Maouche
