Dans la commune de Seddouk, les folles nuits de Ramadhan caractérisées par des galas artistiques et des tournois sportifs animés aussi bien dans les villages qu’en ville, font, désormais, partie du passé.
Mais pourquoi une telle régression ? se demande t-on. Nous sommes au douzième jour de Ramadhan, les gens s’interrogent sur l’absence de toute activité culturelle et artistique nocturnes propres au mois sacré où les gens jeûnent la journée et sortent le soir pour se détendre. Heureusement que la coupe du monde est là pour combler ce vide avec des matchs programmés en soirée. D’ailleurs, rares sont les villages où des Data shows ne sont pas installés en plein air pour fuir la fournaise des locaux. En dehors de ces matchs, les jeunes et moins jeunes s’organisent comme ils peuvent pour meubler leurs soirées. De passage à la ville de Seddouk, le temps d’une soirée, nous avons constaté que les citadins n’attendent pas les organismes censés concoctés les animations culturelles et sportives voulues, comme le veut la tradition. Au contraire, ils essayent tant bien que mal de s’en sortir en se rendant dans le peu d’endroits où ils peuvent passer tranquillement les longues soirées du mois de carême. Pour les jeunes sans revenu, il ne leur reste qu’à flâner dans les ruelles de la ville pour tuer le temps. En marchant, les narines sont envoûtées par les embruns des grillades de brochettes au feu de bois des barbecues installés partout en ville, à même les trottoirs. Souvent, les discussions tournent autour de la coupe du monde, commentant les matchs, notamment ceux de notre équipe nationale qui a fait un bon parcours. Nous avons également constaté que même les jardins publics font défaut à Seddouk, à part celui du centre ville datant de l’ère coloniale est qui est dans un état déplorable. D’ailleurs, de plus en plus de voix s’élèvent pour s’interroger sur l’indifférence des autorités locales affichée à l’égard d’un monument faisant partie du patrimoine historique de la ville des orangers, nom donné autrefois, à la ville de Seddouk pour ses orangers sauvages alignés sur les trottoirs donnant des senteurs chatouillant les narines. A la sortie des Tarawih, la circulation piétonnière en ville s’amplifie et beaucoup de citoyens prennent d’assaut les bancs publics installés il y a trois ans par la municipalité sur des trottoirs, le long des deux ruelles traversant toute la ville comme deux droites parallèles et ne se rencontrent qu’aux extrémités. Ceux qui ne trouvent pas de place se contentent des bordures de trottoirs. Pour les familles, cette année, leur lieu de convergence est le mini parc de loisirs qui a ouvert ses portes récemment, offrant divers jeux aux enfants et une esplanade dotée d’une cafétéria où l’on peut prendre un café ou un thé une limonade ou une crème glacée. « Cloîtrée à la maison durant toute la journée et fatiguée par la cuisine, je prends ma revanche le soir en fuyant l’exiguïté et la fournaise du logement pour prendre un peu d’air frais dehors. Comme Seddouk n’est pas une grande ville pour permettre à une femme de flâner dans les rues et venelles, alors je viens dans ce parc avec mes enfants et mon mari pour passer du temps et prendre des glaces », a fait savoir une mère de famille. Les visites à des proches ou à des amis sont courantes chez certaines familles aussi. On les rencontre avec leurs couffins pleins de gâteaux ou de fruits, car on ne rentre jamais chez quelqu’un les mains vides, tradition oblige. Il y a aussi des citoyens pour la plupart des jeunes qui tentent par n’importe quel moyen de se soustraire à l’ennui et au vide en prenant place dans un coin du quartier ou en surfant sur la toile dans les cybercafés. Quant aux adeptes des parties de dominos et des jeux de cartes, ils s’orientent vers les cafés. Dans la commune de Seddouk, chacun s’évertue à trouver un endroit où passer un moment de détente nocturne dans l’optique de pallier à l’absence pour ne pas dire à la défaillance des organismes censés leur offrir des moments de détentes.
L. Beddar

