Il n’y a pas que le 8 mars…

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Ils sont de plus en plus nombreux, ceux qui chantent sa beauté, son charme et son élégance, sa douceur et sa sensibilité. ils chantent également ses souffrances et ses peines, ainsi que ses réussites et ses gloires et le fait d’être algérienne.Enrico Macias, c’est d’”un oiseau sentimental” qu’il l’a qualifie, il lui a également attribué la tâche de “faire tourner la terre”, et de faire “l’ombre et la lumière”. Quant au pilier de la chanson kabyle, Da Cherif Kheddam, il n’a pas cessé de lui rendre hommage à chaque fois que l’occasion se présentait. Il lui a dédié les plus belles de ses mélodies et les plus extraordinaires de ses paroles et poèmes. “Aqli mazal sgheunigh, felakent athilawine”. D’autres ont utilisé des centaines de litres d’encre, pour écrire sur elle, rien que pour elle. Ils ont fait d’elle l’objet d’innombrables articles et ouvrages, car en plus de sa beauté, elle représente le symbole de la patience et de la résistance. Ils courent davantage après la vraie nature de cet être aussi faible et sensible soit-il, cherchent à découvrir le secret de sa puissance et de sa bravoure. On a glorifié les combats de la femme algérienne qu’elle a menés à travers l’histoire, les travaux vont de Kahina, héroïne berbère qui s’opposa aux arabes au VIIe siècle jusqu’au rôle des femmes durant la lutte de Libération (1954-1962), en passant par d’illustres combattantes comme Lalla Fatma N’soumer et Lalla Khedidja bent Belkacem qui ont participé au milieu du XIXe siècle à l’insurrection contre l’occupation française.Justement”, Kateb Yacine, dans Alger Républicain n° 00 de décembre 1989, a rendu hommage aux femmes algériennes en écrivant :“Aux femmes, aux jeunes filles de l’Algérie nouvelle, à toutes les fleurs vivantes de notre pays. Après les journées et les nuits d’octobre, alors qu’on pose les fondations du grand Maghreb de nos ancêtres, un spectre hante nos débats : c’est l’image d’une femme appelée Kahina par les “envahisseurs” qui voyaient en elle une prophétesse, c’est le sens exact du mot “Kahina”. Cette femme morte au combat, dans une guerre de deux mille ans qui fonde notre histoire, avait le don de la parole. C’est pourquoi les Arabes l’appelaient prophétesse, et voici son message :“Ils s’étonnent de vous voir dirigés par une femme. C’est qu’ils sont des marchands d’esclaves. Ils voilent leurs femmes pour mieux les vendre. Pour eux, la plus belle fille n’est qu’une marchandise. Il ne faut surtout pas qu’on la voie de trop près. Ils l’enveloppent, la dissimulent comme un trésor volé. Il ne faut surtout pas qu’elle parle, qu’on l’écoute.”La prophétesse avait un nom. Elle s’appelait Dihiya. Elle dirigea jusqu’à sa mort la Confédération des tribus imazighen, dans toute l’Afrique du Nord. Quand on pense qu’une femme dirigea ce pays immense dont l’Algérie était le centre, et quand on pense à la condition actuelle de la femme algérienne, on mesure le recul… A plus d’un millénaire de distance, on peut s’interroger. Qu’est devenue la Kahina ? Effectivement, la question se pose sur le statut et le rôle de la femme en Algérie : que sont ces valeurs devenues ?

Oumeziani Kahina

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