La route de nouveau fermée

Partager

Une virée sur les lieux, nous a permis de constater que cette route a été effectivement fermée, et ce à la sortie du village Mazer à 7 km à l’ouest de Tigzirt.Nous avons rencontré plusieurs personnes au niveau de ce village, et tous, nous ont exprimé leur incompréhension et leur regret, suite à cette nouvelle fermeture. “Comme d’habitude, l’on opte pour la solution facile. Au lieu de travailler dans le sens, de faciliter la vie au citoyen, on le pénalise”, dit amèrement un citoyen de ce village. Et à Mohamed d’enchaîner. “Je ne comprends rien, cette fermeture nous pénalise dans nos activités. Au lieu de rallier la ville de Dellys en 10mn, à présent il nous faut près de 2 heures, car nous devons prendre des détours de plusieurs dizaines de kilomètres”.Hamid un autre jeune, rencontré sur les lieux, se pose la question sur les capacités de l’Etat à sécuriser une route nationale. “Je me demande, comment, l’Etat avec tous ses moyens ne peut pas sécuriser 3 km d’une route nationale”.Comme ils tiennent à nous le dire, cette fermeture ne pénalise pas seulement les habitants de ce village, mais toute la région de Tigzirt et d’autres citoyens de différentes wilayas qui l’empruntent. “Chaque jour, des centaines de citoyens d’ici et d’autres wilayas sont refoulés suite à cette énième fermeture”, nous dit Mohamed le gérant d’un café dans le village Mazer.La tristesse et la désolation sont visibles sur les visages des gens que nous avons rencontré. Depuis une année cette localité commençait à respirer, après qu’elle ait vécu en “quarantaine”. En effet suite à l’avénement du terrorisme, ladite route a été fermée à la circulation depuis 1994.En 2000 ce tronçon de route a bénéficié d’un revêtement et les pouvoirs publics ont tenté de normaliser la circulation dsur cet axe, qui traverse la forêt de Mizrana. Après un laps de temps, cette route a été fermé de nouveau.Durant les fortes chutes de neige, qu’a connu le pays, le 25 janvier 2005 c’est toute la région, qui s’est retrouvé bloqué. La seule échappatoire possible, reste cette route du littoral pour évacuer des malades et s’approvisionner en vivres. Ce jour-là ce sont des citoyens eux-mêmes, qui pour évacuer des malades de Tigzirt vers Dellys, ont forcé cette fermeture en ôtant les barricades qui ont été érigés. Depuis, les pouvoirs publics ont fermé les yeux et les citoyens empruntaient normalement cette route.Il est vrai que ladite route traverse l’un des bastions le plus redoutable du GSPC, qui sévit dans la forêt de Mizrana. Mais les citoyens voient les choses sous un autre angle.“Les rues de Takhoukht ou de Boumedfaâ ne sont pas mieux sécurisées que la nôtre”, nous dit un homme de 50 ans. Et à un autre de lâcher “bien sûr, derrière cette fermeture, il y a des raisons inavouées”, reproche-t-il.Au début du mois de mars dernier, soit près d’un mois après la dernière réouverture, en compagnie d’un commerçant nous avons emprunté cette route, de Tigzirt vers Dellys. De la sortie du village Mazer, jusqu’au lieudit 13ème, qui marque la limite territoriale entre Tizi Ouzou et Boumerdès, la route faisait peur, et elle est dans un état de délaissement, la forêt rongeait la chaussée, et aucune présence de l’Etat n’a été constatée. Le tronçon de près de 4 km reste tristement un territoire sous le contrôle des groupes armés. A partir du lieudit “13ème”, c’est un autre monde. Il y avait une forte présence de l’ANP de tous les côtés, et les abords de la route ont été déboisé. “Je ne comprend pas pourquoi cette différence de prise en charge et sécurisation entre ces deux parties de ce tronçon de route”, nous disait sans cesse ce commerçant qui nous accompagnait.La dernière fermeture intervenue ce début de mois, a eu lieu suite à une descente furtive d’un groupe terroriste, qui a intercepté un camion livreur de lait pour s’approvisionner.Au début les citoyens croyaient à une fermeture momentanée, en supposant qu’il y a une opération de ratissage, enclenchée par les services de sécurité. Mais au fil des jours, les usagers comprennent que ladite fermeture sera prolongée dans le temps. Sur les lieux de la fermeture, nous avons rencontré des militaires et des gardes communaux, A notre question, ces derniers nous ont signifié qu’ils ignorent jusqu’à quand cette route restera fermée.Selon Mohamed, un vieux commerçant de ce village, un groupe de citoyens, ont interpellé le maire de Mizrana à ce sujet. Ce dernier leur a promit d’entreprendre des démarches auprès du chef de daïra de Tigzirt, pour voir les suites à donner à ce problème”,; nous informe-t-il.En attendant la probable réouverture de cette malheureuse route nationale, les habitants, les commerçants et les usagers de cette route, ont pris leur mal en patience, face à une situation d’une vie coupée du monde.

M. Hammami

Partager